L’Italien Filippo Grandi à la tête du HCR

Mardi, Janvier 5, 2016 - 17:30

En pleine crise mondiale des réfugiés, l’Italien va prendre en charge les dossiers brûlants laissés par le Portugais Antonio Guterres

Il n’y a certainement pas d’instant privilégié pour un diplomate de prendre en main une organisation internationale, mais l’Italien Filippo Grandi arrive aux commandes du HCR à un moment délicat. Tout comme pour les vagues de migrations de la guerre au Vietnam, des boat-people haïtiens ou des balseros cubains, le monde est aujourd’hui confronté à la plus grave crise humaine jamais enregistrée depuis la Deuxième guerre mondiale. Fuyant guerres et instabilités en Syrie, en Irak ou en divers endroits d’Afrique, une vague de migrants évalués en millions, affluent vers l’Europe surtout.

Parmi eux, une bonne part sont des demandeurs d’asile. C’est vers eux en particulier que s’orientent l’action et la justification d’une organisation des nations-unies comme le HCR, le Haut-commissariat pour les réfugiés. L’immensité de la tâche a parfois fait douter de son efficacité, et a souvent « noyé » son engagement pourtant décisif le faisant ressembler à de la goutte d’eau dans la mer des crises. Mais le HCR est pourtant devenu l’évocation d’un peu de dignité sur les théâtres de toutes les barbaries du monde, l’assurance au moins d’un peu de nourriture en périphérie des guerres, d’une protection certaine pour qui fuit la guerre.

C’est cet organisme, créé en 1950, cinq après la fin de la Deuxième guerre mondiale pour donner à la jeune ONU à peine formée de faire face (pour un mandat de trois ans !) aux millions de personnes errant à travers l’Europe dévastée, que M. Grandi va diriger. Il va succéder au Portugais Antonio Guterres qui occupait cette fonction depuis 2005. A 58 ans, dont de nombreux passés au service de la diplomatie de son pays et de l’ONU (notamment au Soudan et en Rd Congo, pour ne parler que de l’Afrique), l’Italien ne veut pas s’entretenir d’illusions tant la tâche que doit affronter l’organisation est vaste.

Il note d’emblée que « la combinaison des multiples conflits, des déplacements de masse, des nouveaux défis dans le domaine de l'asile, d'un écart de financement entre les besoins humanitaires et les ressources, et de la montée de la xénophobie, est très dangereuse ». Dans un contexte rendu encore plus délicat par un manque criard de fonds, il va s’atteler à venir en aide à une partie des 60 millions de personnes à travers le monde chassées de chez elles par les guerres et les persécutions.

Le HCR a d’ores et déjà reconnu qu’il s’agit là du chiffre le plus haut de l'histoire car, en comparaison, la Deuxième guerre mondiale n’avait fait ‘que’ 50 millions de déplacés. « J'espère que - en travaillant avec les gouvernements, la société civile et d'autres partenaires - nous ferons des progrès pour garantir la protection internationale et l'amélioration des conditions de vie de millions de réfugiés, déplacés internes et personnes apatrides », a souligné Filippo Grandi. Son choix « récompense » merveilleusement l’Italie, un pays devenu synonyme de fortes pressions migratoires par son flanc maritime sud.

Lucien Mpama
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