Le pape François et le président Mohamed Rohani se sont entretenus de leurs bonnes relations mardi au Vatican et du moyen de les améliorer davantage.
C’est à l’Italie, où il est arrivé lundi, que le président iranien Mohamed Rohani a réservé sa toute première visite à l’étranger depuis la levée, le 16 janvier, des sanctions internationales qui pesaient sur l’Iran depuis 11 ans. Reçu lundi par le président Sergio Mattarella, le chef de l’Etat italien, il a ensuite rencontré le premier ministre Matteo Renzi au palais Chigi de Rome. Et, mardi le président iranien qui doit poursuivre sa tournée en France, a été reçu au Vatican. L’entretien avec le chef de l’Eglise catholique a donné l’occasion aux deux Etats théocratiques du monde de se louer des bonnes relations entre eux.
Même si le communiqué publié par le Vatican ne permet pas de deviner les véritables questions abordées au cours du colloque Pape François-Mohamed Rohani, on en est réduit à supposer que ces questions ont été importantes. L’entretien a duré 40 minutes, ont précisé des sources officieuses. Il n’a pas encore été possible de savoir si, comme l’avaient laissé entendre les médias italiens la veille, l’Iran a profité du face-à-face de mardi pour lancer une invitation officielle au pape à visiter l’Iran. Mais le fait est que cette rencontre était très attendue. Au moment où l’Iran est engagé dans une nouvelle crise avec l’Arabie Saoudite et que les chrétiens du Moyen-Orient sont la cible de persécutions de la part du mouvement de l’Etat islamique, il n’est pas banal de constater l’identité de vues entre les deux leaders.
Le Pape et le haut-dirigeant iranien ont réaffirmé les valeurs spirituelles communes et les bonnes relations entre le Saint-Siège et la République islamique d’Iran. « Il a également été question de la vie de l’Eglise dans ce pays ainsi que de l’action du Saint-Siège en Iran pour la promotion de la dignité humaine et de la liberté religieuse », a précisé le Saint-Siège. « On s’est également appesanti sur la conclusion et l’application de l’accord sur le nucléaire et on a relevé l’important rôle que l’Iran est appelé à jouer, ensemble avec d’autres pays de la région, pour promouvoir une solution adéquate aux problèmes qui affligent le Moyen-Orient, en contraste avec la diffusion du terrorisme et du trafic d’armes. A ce sujet, l’importance du dialogue interreligieux et la responsabilité commune des communautés religieuses dans la promotion de la réconciliation, de la tolérance et de la paix a été rappelée », a indiqué le communiqué ripoliné du Saint-Siège.
Le Vatican et la République islamique d’Iran entretiennent des relations diplomatiques qui sont vieilles… de 79 ans ! Cette longévité est aussi le gage d’une estime réciproque, et un levier sur lequel le pape est sensé peser pour réclamer un meilleur sort pour les chrétiens au Moyen-Orient. Le pape François s’inquiète aussi d’une nouvelle source d’embrasement dans la région, avec les nouvelles tensions suscitées par la dégradation de l’ambassade saoudienne en Iran chiite à la suite de l’exécution par l’Arabie Saoudite sunnite d’un influent leader chiite très suivi dans l’Iran. Les deux pays sont déjà en guerre au Yémen à travers des factions opposées et sont également en confrontation en Syrie.
Avant son entretien avec le pape, le président iranien avait rencontré des hommes d’affaires italiens. « L'Iran est le pays le plus sûr, le plus stable de toute la région », avait-il assuré, affirmant que les investisseurs auraient tout à gagner d’une relation "win-win", gagnante-gagnante avec l’Iran. A sa rencontre avec M. Matteo Renzi lundi, M. Rohani avait assisté à la signature de plusieurs contrats, pour un montant total de quelque 17 milliards d'euros. Ils vont des hydrocarbures, aux infrastructures ferroviaires, un futur métro à Téhéran devant être construit grâce au savoir-faire italien.
C’est un séjour très fructueux que le président Rohani a effectué en Italie et au Vatican, avant d’arriver à Paris mercredi. En quittant le pape François au Vatican mardi, il était tout sourire ; il lui avait chaleureusement serré la main du chef de l’Eglise catholique. « Je vous prie de prier pour moi. Cela m'a fait très plaisir de vous rencontrer, et je vous souhaite bon travail », a dit le leader iranien renversant en quelque sorte les rôles devant un souverain pontife qui a souvent l’habitude de demander aux foules de prier pour lui.