Libye : la coalition décide de surseoir à une attaque éventuelle

Mardi, Février 2, 2016 - 17:00

Réunie à Rome, la coalition a décidé de ne pas décider : l’attaque contre l’Etat islamique en Libye, ce sera pour plus tard si nécessaire.

La réunion de Rome de mardi était présentée (par la presse) comme celle devant trancher la question de la date, parce que celle du principe de l’attaque contre l’Etat islamique en Libye était quasiment acquise. Mais Italie, France, Etats-Unis et leurs 21 autres alliés ont préféré temporiser, pour donner leur chance aux efforts internes de normalisation. «En Libye, nous sommes sur le point d'avoir un gouvernement d'unité nationale et cela empêchera Daesh (EI en arabe) de prendre le contrôle de l'avenir du pays », a déclaré le secrétaire d’Etat américain John Kerry, à l’issue de la rencontre.

En tout 23 pays coalisés ont envoyé leurs représentants à Rome mardi, pour évaluer la suite d’une première réunion du genre consacrée en juin à Paris à l’emprise de l’Etat islamique sur la Libye. Plus impliquée et même menacée que tous les autres en raison de sa proximité géographique avec les côtes nord-africaines, l’Italie pousse vers une solution, si possible diplomatique, en Libye. Les flux migratoires entretenus par des organisations criminelles depuis la Libye visent l’Italie en premier comme porte d’entrée en Europe. Et même si la péninsule n’a enregistré aucun attentat de l’ampleur de ceux qui ont ensanglanté Paris en janvier et en novembre de l’an dernier, Rome est sous la menace verbale constante de l’Etat islamique.

« Le temps est compté pour stabiliser la Libye, mais nous n'avons aucune urgence à intervenir, ni nous, ni la communauté internationale », a assuré le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni. « Il y a eu des avancées sur le terrain depuis le sommet de Paris. Mais aucun triomphalisme n’est de mise, même s’il nous faut poursuivre notre engagement militaire en Irak », a ajouté le chef de la diplomatie à la Farnesina.

Cette semaine la presse française a semblé avancer que les choses étaient mûres pour une attaque imminente contre l’Etat islamique en Libye. Démenti du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius : « Il n'est absolument pas question que nous intervenions militairement en Libye ». Il a reconnu qu’un petit groupe « fait pression, mais ce n'est pas la position du gouvernement » français. M. Fabius a aussi reconnu qu’il fallait donner leur chance aux efforts des différentes factions libyennes de mettre en place un gouvernement d’union, et de l’installer à Tripoli.

Mais si cela ne devait pas arriver, la coalition avisera promptement. Car  « on ne peut pas non plus éternellement reculer l'objectif » d’un retour à la normale en Libye, a dit M. Fabius.  « La dernière chose que nous voulons dans le monde, c'est un faux califat ayant accès à des milliards de dollars de revenus en pétrole », a indiqué pour sa part  M. Kerry. Pour lui, il faut assurer « un environnement sûr afin de permettre à un gouvernement d'exister et d'agir » en Libye. Carotte et bâton sont donc suspendus au-dessus de Tripoli.

Lucien Mpama
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