Les menaces du djihad international prônées par l’Organisation Etat islamique poussent ces derniers temps plusieurs pays à s’unir en bloc pour mieux combattre le terrorisme qui ne cesse de faire des victimes partout, et chaque jour qui passe. En Afrique, des initiatives similaires entre les Etats ont été enclenchées depuis quelques années, mais il semble qu’elles sont restées de vains mots.
Que ce soit en Afrique de l’Ouest, devenue l’épicentre du terrorisme sur le continent africain ou dans d’autres régions, la logique expansionniste des terroristes n’est plus à démontrer au regard des attaques meurtrières perpétrées dans certains pays. Les incursions d’envergure des djihadistes de tout bord en Somalie, au Nigeria, au Mali, au Burkina-Faso, en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Tchad le prouvent bien. En dehors des pays ciblés, d’autres comme le Sénégal et la Mauritanie, pour ne citer que ces exemples, sont déjà ouvertement visés par des terroristes. Et il y a toujours le risque de nouvelles attaques du genre dans ces mêmes pays.
En attendant que toute l’Afrique prenne des mesures concrètes contre le terrorisme, il faut déjà saluer des efforts consentis par des pays ouest-africains, visant à prévenir et à lutter efficacement contre le terrorisme. En témoigne ce qui s’est passé la semaine dernière lorsque les ministres en charge de la sécurité de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Burkina Faso et du Sénégal, réunis à Abidjan, ont signé un accord de coopération.
À cette occasion, les ministres de ces quatre pays ouest-africains ont convenu de « mutualiser leurs efforts et renforcer les relations entre les services de sécurité, d’établir une unité d’action et une collaboration entre les services de sécurité ». « Assurer la fiabilité des documents de voyage dans le respect des accords régionaux en matière de circulation des personnes, harmoniser les législations nationales en matière de lutte contre le terrorisme et les normes de surveillance des frontières nationales », faisaient aussi partie des priorités retenues par la rencontre d’Abidjan.
Les ministres Hamed Bakayoko de Côte d’Ivoire, Salif Traoré du Mali, Simon Compaoré du Burkina Faso et Abdoulaye Daouda Diallo du Sénégal ont, en outre, décidé d’instituer « un bulletin mensuel d’information sur les actes criminels liés au terrorisme ».
L’intérêt d’augmenter les capacités des forces de réserve de l’Afrique
Et s’accordant sur des rencontres régulières et tournantes afin de mettre à jour les connaissances et les informations sur le terrorisme dans leurs pays respectifs, les ministres ont invité les pays de la région à accélérer la mise en œuvre de la carte d’identité biométrique, qui permettra, selon eux, la traçabilité des mouvements de part et d’autre des frontières. Des mesures qui doivent inspirer d’autres Etats du continent.
Hormis cela, il y a aussi lieu de souligner la nécessité d’augmenter la capacité opérationnelle des forces de réserve des pays africains. C’est certainement pour avoir compris cela que la Chine a annoncé son soutien aux pays d’Afrique de l’Ouest en apportant un don de cinq millions de dollars de matériel militaire non létal au bloc régional de ces Etats.
« La Chine poursuivra des consultations plus étroites avec les pays et organisations sub-régionaux d’Afrique pour renforcer la capacité de l’Afrique à maintenir la paix et la stabilité », a assuré l’ambassadeur de ce pays GuXiaojie, au Nigéria. « Le gouvernement chinois continuera d’apporter aide et soutien aux pays africains, selon ses capacités et sous des formes variées », a ajouté le diplomate.
L’appui du gouvernement chinois n’est pas suffisant au regard des visées expansionnistes des djihadistes. L’Occident peut tout aussi renforcer sa contribution. Il ne devra nullement se contenter de renforcer des mesures de sécurité contre le terrorisme dans les seuls Etats touchés par des attaques, mais chercher également à étendre ses opérations antiterroristes au reste du monde, et particulièrement en Afrique.
N’oublions pas que la mort de plusieurs responsables de l’Etat islamique et de son numéro deux, Abdel Rahmane al-Qadouli, annoncée le 25 mars par le secrétaire à la Défense des Etats-Unis, Ashton Carter, constitue certes « un coup de frein aux capacités de l’EI à conduire des opérations en Irak et en Syrie, et à l’étranger », comme l’a indiqué Washington, mais elle ne signifie nullement la fin de ce groupe terroriste auquel Boko Haram a prêté allégeance.
D’ailleurs, Ashton Carter l’a reconnu, soulignant que l’élimination de l’argentier du mouvement terroriste et celle de quelques autres cadres par les forces spéciales américaines, ne signifie pas que l’organisation est démantelée: « Frapper le leadership est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. Eliminer ses chefs est un objectif important, mais ils seront remplacés…», a-t-il souligné. C’est dire que la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire en rang dispersé, mais à l’unisson.