A quelques jours de son déplacement en Côte d'Ivoire, le président du Medef, Pierre Gattaz, lance un appel aux entreprises françaises à se mobiliser pour accompagner le développement économique du continent africain.
Lundi prochain, le président du syndicat patronal français, se rendra à Abidjan en compagnie du staff de direction Afrique du Medef international et d'une importante délégation.
150 personnes, parmi lesquelles de nombreux responsables de PME, représentants des grandes écoles, ONG, compagnons du devoir, etc., participent à ce voyage de quatre jours dans ce pays qui est le quatrième partenaire de la France en Afrique.
Sur place, le programme sera aussi dense que varié : audience accordée par le président Alassane Ouattara, en présence de plusieurs membres de son gouvernement, réception à l'ambassade de France avec les ambassadeurs français en poste en Afrique de l'Ouest et Centrale, réunions avec des chefs d'entreprises ivoiriens, visites de pôles d'activités, rencontre avec les étudiants de l'université Félix Houphouët-Boigny, visite de l'exposition Lumières d'Afrique de la fondation Tilder, etc.
Pour le patron du Medef, qui ne mâche pas ses mots sur l'urgence de la France à réduire sa fiscalité et simplifier sa législation du travail si elle veut être compétitive (égratignant au passage le durcissement des législations européennes), l'ambition est claire et précise : "nous devons renforcer nos flux commerciaux avec l'Afrique dans tous les domaines, augmenter nos parts de marché et construire une relation construite et durable."
En Côte d'Ivoire comme ailleurs en Afrique, la part de marché de la France a baissé. L'heure est venue de réagir, insiste Pierre Gattaz, n'hésitant pas à épingler la "France qui n'a pas bien compris la mondialisation et encore moins l'importance de l'industrialisation qu'elle a laissé dépérir". Pourtant elle peut apporter son expertise dans les nombreux domaines où elle excelle comme la santé, la formation, les transports, les nouvelles technologies, le haut de gamme en général, la qualité "premium". Particulièrement dans la zone Cémac, caractérisée par une proximité culturelle ; des pays où de nombreux dirigeants ont fait des études en France, où il reste encore un petit avantage concurrentiel.
"Pour cela, nous devons apporter de la valeur ajoutée. Créer des emplois sur place, amener des talents, proposer des prestations d'avant-garde, conforter nos relations." Un partenariat gagnant/gagnant des vœux du président Gattaz que ce dernier tentera de démontrer à Abidjan la semaine prochaine. Assorti d'un conseil d'humilité que l'Afrique appréciera : "La France fait la morale depuis 25 ans... Il faut être humble".
La France, avec 28,5 milliards d'euros d'exportations en 2015, reste l'un des premiers fournisseurs du continent africain. Mais sa position s'effrite: dans la zone franc, sa part de marché est passée de 34% en 1985 à 12% en 2015. La Chine, dans le même temps, a vu sa place bondir de 2% à 20%. Au Gabon, la part de marché de la France est ainsi passée de 40% à 22% en l'espace de 10 ans. Au Bénin, de 22% à 7%. En Côte d'Ivoire, de 28% à 11%... Une érosion directement liée à l'essor de l'Empire du milieu, qui dispose aujourd'hui de 2.500 entreprises sur le continent.