Le gouvernement Italie promeut un programme dit de « migration compact » qui prévoit des investissements en Afrique pour freiner l’immigration.
« La voie italienne de l’Afrique: un nouveau paradigme du développement». C’est sous ce titre quelque peu rébarbatif que le Parti démocratique (PD), le parti de gouvernement en Italie, a tenu jeudi une conférence pour tenter d’explorer les voies pour endiguer l’immigration africaine. Plusieurs “poids lourds” du parti de M. Matteo Renzi ont réaffirmé la justesse du choix fait par l’Italie de placer le continent au centre de sa stratégie de coopération.
Parmi les intervenants, on a compté aussi les deux italo-africains de renom que compte cette formation politique de gauche : l’ancien député Jean-Léonard Touadi (originaire du Congo-Brazzaville) et l’ancienne ministre italienne de l’Intégration aujourd’hui députées européenne, Cécile Kyenge Kashetu, originaire quant à elle de la République démocratique du Congo.
« Les dynamiques économiques, démographiques, environnementales et politiques de l’Afrique sont destinées à produire de fortes retombées dans le monde, à commencer par l’Europe et l’Italie », soutient le groupe des députés du PD. Dans un communiqué, il a fait savoir que « le moment est venu d’un approfondissement pour parler du futur du Continent africain et de ses relations avec l’Italie ». Humanitaires et personnalités de gauche ont été invitées à la rencontre, clôturée par le ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni, un « africaniste » de la première heure.
Parallèlement, le gouvernement italien et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont lancé, toujours jeudi, une campagne conjointe en Afrique pour prévenir les migrations clandestines vers l’Europe. Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, a fait valoir que si beaucoup des migrants qui débarquent en Italie fuient guerres et persécutions, beaucoup d’entre eux sont des « migrants économiques ».
De plus en plus, ils sont à la recherche « des avantages, la démocratie, le bien-être, et en poursuivant leur rêve (mais) se retrouvent en plein cauchemar », non seulement la mort par noyade mais aussi, quand on en réchappe, des conditions de voyage et de vie qui ne sont pas celles rêvées. Il a cité le cas de femmes violées devant leur mari en Libye ou des personnes traumatisées d'avoir vu un proche mourir de soif dans le désert, sous les coups des passeurs ou noyé en mer.
« Tout cela, le savent-ils avant de partir? Ce n'est absolument pas sûr. Tous ne savent pas tout », a estimé M. Alfano. C’est pour cela qu’ a été lancée la campagne « Aware Migrants » (Migrants conscients), dont le budget de 1,5 million d'euros a été fourni par le ministère italien. La campagne vise à faire passer le message via les réseaux sociaux, la télévision et la radio, dans une quinzaine de pays d'Afrique de l'Ouest et du Nord : immigrer peut être mortel.
La campagne s'appuie essentiellement sur les témoignages de migrants recueillis par l'OIM en Italie mais aussi le long du parcours au Niger, dans de courtes vidéos. Plus de 3.000 migrants et réfugiés ont perdu la vie en Méditerranée depuis le début de l'année, alors que près de 250.000 personnes ont effectué la traversée, a annoncé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) cette semaine.