Rome balance entre organiser ou pas les Jeux Olympiques en 2024

Mardi, Septembre 6, 2016 - 17:30

La mairie de Rome est empêtrée dans des querelles et des ajustements douloureux qui font tanguer la boutique. L’éventualité des JO en 2024 divise.

Au milieu d’un tohu-bohu de première, le gouvernement municipal de Rome n’en finit pas d’être tiraillé. Virginia Raggi, la maire installée depuis à peine deux mois,  multiplie gaffes et bourdes politiques. Sa formation politique, le Mouvement des 5 Etoiles (M5S), est en plein dans une cacophonie qui fait les choux gras de l’opposition municipale, surtout de gauche. Rome se révèle décidément difficile à gérer pour le M5S né pourtant de la volonté de se sortir des coups tordus habituels de la classe politique.

Une bonne partie de l’équipe municipale a démissionné, dénonçant les méthodes de la maire de 34 ans. Et les vagues suscitées par ces départs ne sont pas encore retombées que Virginia Raggi doit faire face à la mise en examen d’une de ses collaboratrices les plus étroites. Ou plutôt à l’ébruitement dans les médias de cette mise en examen. Les journalistes ont conduit la maire et sa collaboratrice Paola Muraro à admettre que la mise en examen pour concussion et abus d’office datait bien de mi-juillet (et même d’avril selon la presse !), soit bien avant sa nomination comme assesseure à l’environnement.

Or une des règles du M5S qu’elle veut imposer aux autres partis politiques se fonde sur la transparence : toute personne mise en examen doit démissionner de ses charges. Que la maire ait « couvert » une de ses collaboratrices, est une vraie contradiction sur laquelle l’opposition n’hésite pas d’appuyer pour que ça fasse mal. « Des charlots », « des amateurs », « ils promettaient d’apprendre vite et de préférer les inexperts aux malhonnêtes, il ne semble pas qu’ils aient choisi de bons enseignants », a accusé le candidat battu à la municipale, Roberto Giachetti.

Pour sa défense le Mouvement 5 Etoiles soutient qu’il n’est pas étonnant qu’il trouve sa route pavée de tant d’embûches. « Nous avons remué le monde glauque des mafias des ordures, des transports et des embauches, ils nous attendaient au tournant. Sans parler du monde des Jeux Olympiques », avancent les leaders M5S. Car les JO-2024, auxquels la ville de Rome pourrait être candidate, suscitent déjà des appétits.  Mais la maire Virginia Raggi reste pour le moins réservée, estimant qu’elle ne veut pas ajouter des dettes à la capitale italienne qui croule déjà sous le poids d’une dette de plus de 13 milliards d’euros.

Il y a quelques jours, à la veille du départ de la délégation italienne aux Jeux Paralympiques de Rio, la maire a promis pour après les jeux sa décision finale sur les JO de Rome. « Nous dirons à Gianni Malago (co-président du comité de candidature) ce que nous pensons à propos de Rome-2024. Pensons d'abord aux installations municipales laissées à l'abandon et au sport dans les écoles. C'est à partir de ces installations que nous devons commencer à reconstruire le sport. Les Jeux Olympiques sont un grand moment de sport mais on ne naît pas olympique, on le devient », a-t-elle estimé.

Un sondage dans la presse montre qu’une majorité de Romains est opposée à l’organisation des JO à Rome et appuie la maire. Mais une majorité de la classe politique, gauche et droite confondues, pense elle par contre que des Jeux Olympiques représenteraient une opportunité pour les finances et les emplois de la ville. La maire reste inflexible pour l’instant, et attribue ses déboires actuels aux manœuvres des pro-JO. « Sur les 13 milliards de dette de la ville, un milliard est lié aux Jeux de 1960. Et nous n'avons fini de payer que l'année dernière la facture du Mondial 90. Faites les comptes », a-t-elle déclaré.

Le gouvernement italien (de gauche) estime que si Rome devait renoncer d’autres villes pourraient prendre le flambeau : Milan ou Turin par exemple. Mais ces deux villes ne semblent pas très enthousiastes à l’idée de jouer les actrices de remplacement. La candidature éventuelle de Rome pour accueillir les JO de 2014 sera évaluée par le Comité Olympique International avec celles de Paris, de Budapest et de Los Angeles. Beaucoup estiment que le dossier italien pâtirait d’un retrait de la capitale au profit de villes moins prestigieuses et moins dotées en installations sportives.

Lucien Mpama
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