Cour Pénale Internationale : l’Afrique du Sud se retire à son tour

Samedi, Octobre 22, 2016 - 11:30

Après le Burundi, l’Afrique du Sud a mis vendredi sa menace à exécution en annonçant son retrait du statut de Rome sur la Cour pénale internationale (CPI), après la polémique causée par son refus d’arrêter le président soudanais Omar el-Béchir.

Dans une lettre adressée aux Nations unies signée par le ministre des Relations internationales, Maite Nkoana-Mashabane, le gouvernement sud-africain a estimé que « ses obligations au regard de la résolution pacifique des conflits étaient parfois incompatibles avec l’interprétation donnée par la CPI ».

La CPI « entrave l’aptitude de l'Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l'immunité diplomatique », a justifié le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha la décision de se retirer du traité de Rome.

Les relations sont restées tendues entre le pouvoir sud-africain et la CPI depuis la visite à Johannesburg du président soudanais, Omar el-Béchir inculpé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour. Alors qu’un tribunal avait interdit à Omar el-Béchir de quitter le territoire sud-africain le temps de statuer sur sa possible arrestation, le président Jacob Zuma avait laissé son homologue soudanais reprendre l’avion discrètement.

La Cour pénale internationale est de plus en plus remise en cause par certains Etats africains. En mai 2013, le premier ministre éthiopien et à l’époque président de l’Union africaine, Hailemariam Desalegn, avait par exemple déclaré en clôture du sommet bisannuel des chefs d’Etat que la CPI menait « une sorte de chasse raciale en ne poursuivant que des Africains » et avait ajouté : « lors de la création de la CPI, l’objectif était d’éviter toute sorte d’impunité, mais désormais le processus a dégénéré en une sorte de chasse raciale ».

En janvier dernier, lors du 26ème sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etat africains ont d’ailleurs adopté une proposition kényane d’élaborer « une feuille de route pour un retrait de la CPI » pour les 34 pays du continent faisant partie de la Cour. Toutefois, cette position ne fait pas l’unanimité car certains pays comme le Sénégal, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire ont fait part de leur réserve.

De leur côté, les défenseurs des droits de l’homme n’ont pas caché leur indignation. Human Rights Watch par exemple estime que, « la décision sud-africaine montre un mépris surprenant pour la justice de la part d’un pays longtemps vu comme un leader en matière de justice pour les victimes de crimes graves ».

Rappelons que la décision sud-africaine, survient après celle du Burundi à sortir du Statut de Rome sur la CPI. Une initiative qui avait été prise après la sortie d’un rapport des experts de l’ONU sur les droits de l’Homme au Burundi, un rapport qualifié de « ramassis de mensonges » par les autorités Burundaises.

Yvette Reine Nzaba
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