Génocide : le Rwanda réclame des excuses du Vatican

Jeudi, Novembre 24, 2016 - 17:30

Kigali trouve insuffisantes les excuses présentées dimanche par les évêques du pays pour la participation des chrétiens au génocide de 1994.

« Inadéquates ». C’est ainsi que le gouvernement rwandais a rejeté les excuses présentées dimanche dernier, à l’occasion de la clôture mondiale du Jubilé de la Miséricorde, par les évêques catholiques rwandais. Dans un geste qui se voulait de contrition, les prélats expliquaient que malgré la non-implication de l’Eglise catholique en tant qu’institution aux massacres, ils demandaient pardon pour les nombreux chrétiens qui ont tenu machettes et gourdins entre avril et juillet 1994 pour faire plus de 800.000 morts, surtout au sein de l’ethnie tutsie.

Pour le gouvernement rwandais ce geste est insuffisant. « Au vu de l'échelle à laquelle ces crimes ont été commis, des excuses de la part du Vatican seraient amplement justifiées », a estimé jeudi le gouvernement de Kigali dans un communiqué. Les excuses présentées dimanche sont « profondément inadéquates », car « elles permettent uniquement de mettre en lumière la distance qui sépare l'Eglise catholique d'une reconnaissance complète et honnête de ses responsabilités morales et légales », a estimé le gouvernement.

Le président de la conférence épiscopale du Rwanda, Mgr Philippe Rukamba, avait réaffirmé dimanche que l’Eglise n’avait pas pris part au génocide malgré le fait que des massacres se soient également perpétrés à l’intérieur des paroisses. De son côté le président Paul Kagame soutient que l’Eglise catholique est au moins moralement responsable des tueries, ne serait-ce que pour avoir promu pendant la colonisation l’idéologie ayant artificiellement divisé les Rwandais (et les Burundais) en hutus et en tutsis.

Plusieurs prêtres, religieux et religieuses catholiques du Rwanda ont été jugés pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ou la justice belge. Certains ont été condamnés, d'autres ont été acquittés. Le plus haut responsable catholique emprisonné est Mgr Justin Misago, évêque de Gikongoro innocenté après 14 mois de prison. Il fut retrouvé mort dans son bureau en mars 2012.

Lucien Mpama
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