Brazzaville : spectacle désolant dans des marchés après la pluie

Mardi, Janvier 10, 2017 - 17:00

Au-delà des dégâts constatés sur les habitations et sur les grandes artères de la capitale, les fortes pluies qui s’abattent ces derniers temps à Brazzaville provoquent également des inondations et des coulées de boue dans plusieurs marchés de Brazzaville.

Au marché plateau des 15 ans, il a été constaté depuis deux ans que lorsqu’il pleut, les eaux envahissent automatiquement les trottoirs, empêchant du coup les vendeurs et visiteurs de circuler normalement.

A l’origine de cette situation récurrente, les collecteurs installés dans le marché n’évacuent plus convenablement les eaux de pluie. Pour contourner la difficulté, les commerçants et propriétaires des boutiques ont disposé des sacs remplis de sable tout le long des trottoirs afin de permettre aux clients d’accéder facilement aux étals malgré les eaux.

« Cette situation freine nos affaires, car les clients ont du mal à circuler pour atteindre nos tables. Cela porte un coup dur sur nos recettes journalières parce que les clients qui n’apprécient pas du tout patauger dans l’eau, et choisissent d’aller ailleurs », déplore Henriette Ndalla, présidente dudit marché, et vendeuse de légumes secs (haricots, petits pois, arachides).

Autres occupants des tables et échoppes lèvent également le ton et marquent leur indignation en critiquant rudement les autorités municipales de la ville, qui, selon eux viennent relever tous les jours des taxes, « au lieu de chercher à résoudre l’épineux problème d’évacuation d’eau et même de salubrité qui se posent dans ce marché ».

Ils regrettent par ailleurs l’absence de coordination avec ces autorités et les accusent de venir les « rançonner » chaque jour en relevant des taxes qui « n’aboutissent à rien ».

Au marché Thomas Sankara…

Ici au marché Thomas Sankara, dans le 9ème arrondissement, en plus des inondations, s’ajoutent des coulées de boue qui peuvent durer longtemps avant de disparaitre (2 à 3 semaines), d’après la vice-présidente de ce marché, Henriette Atti. En effet, la grande avenue transformée en gare routière où viennent stationner les véhicules remplis de marchandises en provenance de l’intérieur du pays est totalement impraticable.

En attendant que la boue sèche, certains vendeurs impatients choisissent d’aller squatter chez les voisins dans des pavillons situés à proximité. D’autres par contre préfèrent attendre chez eux, jusqu’à la disparition partielle de la boue.

« Pendant la saison sèche, il n’y a pas de problèmes. Mais, dès les premières pluies, c’est la déception, plus rien ne marche. A cause de l’état de notre marché, nos clients ne viennent plus », a expliqué la vice-présidente du marché.

Assises sous des parapluies, un groupe de six femmes lancent : « Nous avons de sérieux problèmes dans ce marché. Regardez les conditions dans lesquelles nous vendons lorsqu’il pleut ! Que les autorités municipales entendent nos cris. Pour l’heure, nous leur demandons de venir renverser ne fut ce que du sable pour permettre à nos clients d’accéder facilement jusqu’ici. Cela nous permettra d’écouler facilement nos marchandises ».

Le marché de dix Francs…

Construit dans une zone marécageuse à Moungali, dans le quatrième arrondissement, le marché de dix Francs, vieux de 60 ans est également confronté au problème d’évacuation des eaux de pluie.

En dehors de cette situation, les responsables réclament aussi la réhabilitation de leur marché, notamment les trois pavillons détruits par un vent violent depuis 2015, qui heureusement, n’avait pas fait de victimes humaines.

Par ailleurs, le président de ce marché, Frédy Koubanzila, ainsi que d’autres vendeurs s’indignent du manque d’attention des autorités municipales car, jusqu’à présent, explique-t-ils, les vendeurs occupant la partie détruite ont été obligés d’aller installer leurs étals dans la rue.

« Depuis que cette partie du marché s’est effondrée il y a de cela deux ans, nous n’avons reçu qu’une seule visite d’une autorité. Nos doléances et nos revendications n’obtiennent aucune réponse de la part des autorités », a regretté Frédy Koubanzila.

Rappelons que la quasi-totalité des marchés du pays sont confrontés aux mêmes difficultés, notamment le manque de canalisation provoquant l’inondation, la défectuosité des étals, bref une véritable politique de modernisation des marchés domaniaux s’impose.

 

 

 

 

Yvette Reine Nzaba
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