Ce jeune policier congolais d’une quarantaine d’années détaché à la direction départementale des droits humains et des libertés fondamentales de Pointe-Noire vient de soutenir brillamment au Cameroun sa thèse de mémoire portant sur « Les conditions de personnes en détention en République du Congo : cas de la maison d’arrêt de Pointe-Noire »
Les Dépêches de Brazzaville: Qu’est ce qui vous a motivé pour les questions de Démocratie, Etat de Droits et Paix ?
Charlestone Roland Itoua : Nous, les hommes en uniformes, sommes souvent et injustement d’ailleurs indexés comme ceux-là qui violent des droits de l’homme. La population congolaise forte de ses convictions à la justice sociale ainsi qu’à la tranquillité publique et à un climat propice à la paix, attend beaucoup de la police, de la gendarmerie et de la justice, partant des actions combinées des services publics et des organisations non gouvernementales à maintenir le bon ordre social. Je m’étais donc donné cette vision de me former sur les droits de l’homme afin de pouvoir servir mon pays sur ces questions.
LDB : Quelles sont vos ambitions ?
C.R.I : Mon ambition première est de s’associer aux autres pour faire la promotion des droits de l’homme dans la Force Publique Congolaise et dans les maisons d’arrêt de mon pays. Ce qui est conforme aux exigences actuelles des organes des Nations Unies en matière des droits de l’homme, qui demandent, la création des Directions des droits de l’homme au sein des Polices et des Gendarmeries. C’est donc une question d’intérêt public que les autorités compétentes sont appelées à discuter avec les spécialistes pour la réalisation d’une telle ambition. Encore que l’on ne peut pas parler d’un développement sans stabilité et paix. Peut être après mon pays, et à travers cette spécialisation, un jour je pourrai être dans les institutions internationales et régionales en l’occurrence l’O.I.F, le PNUD, l’U.A et bien d’autres.
LDB: Comment aviez-vous vécu ce moment de soutenance?
C.R.I : Emotion, joie et fierté parce que le parcours n’était pas facile. Ensuite cela m’a permis d’acquérir une qualification d’Expert en Droits de l’homme et la spécialité sur les questions de démocratie, Etat de Droits et Paix. J’ai senti lors de ma soutenance comme on était en train de m’ouvrir une porte des responsabilités sociales très significatives.
LDB : Quelles peuvent être les offres d’emplois relatifs à ce profil ?
C.R.I : La diplomatie des droits de l’homme est dans une dynamique de développement constant qui attire et emploie de nombreuses ressources. De même, les juridictions internationales ont besoin croissant d’une expertise de haut niveau pour assurer la répression des crimes internationaux. Ensuite, les Etats ont besoin d’un personnel qualifié et spécialisé pour respecter leurs engagements internationaux et constitutionnels. Ce sont là des cadres d’exercice de quelqu’un d’un tel profil.
LDB : Que dire de la situation des Droits de l’homme au Congo ?
C.R.I : Certes il reste encore des efforts à fournir, mon pays, le Congo est sur la bonne voie. Cette bonne foi se justifie à travers la ratification de nombreux textes internationaux relatifs à la protection des droits de l’homme dont la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui a même été incorporée dans l’actuelle Constitution. Cette volonté de consolider l’Etat de droit a été matérialisée par la création au niveau du Ministère de la Justice, d’une Direction des Droits humains et des libertés fondamentales, et au niveau des départements, l’arrêté 4994 du 14 juillet 2009 institue les Directions départementales des droits humains et des libertés fondamentales, dont l’une de ses attributions est la mission de renforcer l’Etat de droits. Et aussi, avec la loi n°5-2011 du 25 février 2011, portant promotion et protection des droits des peuples autochtones. Cette aspiration à l’édification d’un Etat de droit a même été réitérée par la circulaire n° 350/CPS/MJDH-CAB du 27 mars 2012 signée par le Ministre de la Justice et des Droits humains.
LDB : Votre mot de fin
C.R.I : C’est de voir les cadres qui ont choisi un pareil profil à aider le pays d’aller au-delà des meilleures performances, car la Démocratie, les Droits de l’homme et la Paix dans le monde sont une œuvre à construire et à construire toujours. Et je tiens aussi à poursuivre mon cursus en thèse doctorale en Sciences politiques.