Le père Mussie appelle l’Italie à cesser toute coopération avec la Libye

Mercredi, Avril 19, 2017 - 08:45

Les migrants débarquant chaque jour sur les côtes italiennes ne seraient que la pointe de l’iceberg d’une situation plus sordide, de marché aux esclaves ! 

Les choses visibles, déjà révoltantes en soi, ne seraient rien devant ce qui se passe véritablement en Libye pour les migrants. C’est la dénonciation du père Mussie Zerai. Ce prêtre d’origine érythréenne est devenu en Italie la voix de tous ceux qui choisissent de braver les mille dangers de l’immigration plutôt que d’endurer l’étouffoir de chez eux, en Afrique ou en Asie, guerre ou pas. « Don Mussie », comme on l’appelle par ici, s’est imposé comme la figure incontournable lorsqu’on veut connaître d’un peu plus près la réalité du monde des migrations : ses détresses, ses réseaux, ses entourloupes, ses violences. Il a d’ailleurs été souvent cité comme nobélisable !

« Des centaines de réfugiés et de migrants africains sont enlevés contre rançon ou pour être revendus sur le marché du travail forcé ou de l’exploitation sexuelle : nous sommes en face d’un véritable marché aux esclaves !», dénonce vigoureusement le prêtre. Et il explique, rapport de l’Organisation internationale des migrations (OIM) à l’appui : « C’est à Saba, dans la bourgade de Fezzan devenue le principal carrefour des principales voies de communication vers le sud libyen, que cela se passe. La situation en Libye est résolument plus grave : elle révèle des cas indicibles de viols, de souffrances inhumaines, de violations des plus élémentaires des droits ».

Il ajoute que, sans chercher à établir qui de la poule ou de l’œuf est venu en premier, cette situation déteint sur les pays avoisinants: pays de transit ou de première halte. Ainsi en Egypte, au Soudan ou au Niger, les migrants ne se sentent en sécurité nulle part ; forces de l’ordre ou gangs sont engagés dans une même activité de rançonnage, de violences contre les migrants ou d’exploitation sexuelle de personnes obligées d’endurer les pires souffrances pour franchir une frontière.

Sans parler de la mort qui, inévitablement attend en Méditerranée lorsqu’on a enfin réussi à franchir les obstacles policiers, criminels, la soif du désert et les intempéries et que l’on a pu glisser les quelques billets en dollars ou en euros réclamés par des passeurs libyens loin d’être des activistes de la Croix Rouge. C’est pourquoi Don Mussie appelle l’Italie à rompre les accords de coopération signés avec le gouvernement d’union nationale de Libye et avec le Niger, le Soudan et l’Egypte.

Lucien Mpama
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