Le président Sergio Mattarella, porte-drapeau du rayonnement italien

Mercredi, Avril 19, 2017 - 18:15

Confiné par la Constitution à un rôle plus protocolaire qu’effectif, le président italien s’avère être un atout diplomatique, le visage de l’Italie à l’étranger.

Comme tout homme d’Etat, le président Sergio Mattarella a ses contestataires dans son pays, notamment les éternels « grognons » du parti xénophobe de la Ligue du Nord qui ne ratent aucune occasion de l’éreinter de leurs piques. Mais au final, la balance entre le négatif et le positif penche résolument en faveur de ce dernier lorsqu’il s’agit d’évaluer l’action du président de la République italienne. En interne, comme surtout en externe, il a su incarner une image d’homme apaisé et donc apaisant, loin de la frénésie politique qui peut saisir ses compatriotes de gauche comme de droite de temps en temps. Surtout en période électorale.

Arrivé au pouvoir en février 2015, le juriste de 75 ans a été tiré de sa retraite par le Premier ministre d’alors Matteo Renzi auquel le relie l’appartenance au Parti démocratique (de gauche). Mais dans le tempérament comme dans l’attitude face au pouvoir et à l’adversité (qui ne manque pas dans les allées du pouvoir !), les deux hommes sont le jour et la nuit. Le choix de cet homme s’est révélé judicieux : serviteur convaincu de l’Etat, enseignant et homme éprouvé dans sa chaire par un veuvage pas facile en 2012, et surtout par la brutale intrusion dans sa vie de famille de la mafia qui a tué son frère en 1980, ce sudiste italien a tout vu de la vie.

C’est peut-être cela la clé de sa démarche apaisée dans la vie publique. Les diplomates africains qui l’ont côtoyé parlent de lui en homme d’écoute et de bonhomie, n’interrompant un interlocuteur que pour placer une remarque judicieuse d’ailleurs toujours utile pour… relancer la conversation. En un peu plus de deux ans au Palais du Quirinal, le palais présidentiel à Rome, le président Mattarella a posé son pied sur les cinq continents. Partout il est allé porter la parole d’amitié d’une Italie convaincue, plus que jamais, que son statut de puissance moyenne est un atout au service de la diplomatie agitée des heures que nous vivons.

Le président Sergio Mattarella était à Moscou il y a quelques jours, à un moment où l’Occident remontrait ses dents à Vladimir Poutine, le président russe à qui il prête l’intention de jouer les nouveaux tsars. L’Occident pense que Moscou pourrait beaucoup pour résorber la crise en Ukraine mais ne le veut pas, et que son soutien au régime syrien est plus une gêne qu’un atout pour l’avènement d’une solution faisant le tri dans le magma des contestataires au président Hassad, les rebelles soutenus par les Américains, les djihadistes ou les opposants au régime turc, autre allié des Occidentaux. Sergio Mattarella à Moscou a tranquillement invité tout le monde à ne pas écarter le président russe du jeu multipolaire, à ne pas revenir aux temps de la Guerre froide.

Président globetrotter, Sergio Mattarella a effectué des visites d’Etat ou officielles dans la plupart des capitales européennes. Il a visité le Mexique, les Etats-Unis, la Chine,  l’Indonésie et le Vietnam. Pour ce qui est de l’Afrique, le président italien  a été accueilli à Tunis, à Addis-Abeba et plus près de nous à Yaoundé, au Cameroun. Il s’apprête à remonter dans son avion pour une visite en Argentine et en Uruguay dans les prochaines semaines.

Partout, il entend être le porte-étendard de trois valeurs qui doivent la paix que son pays entend favoriser de toutes ses forces : le multilatéralisme, le dialogue et la coexistence. Partout où il pose ses valises, il n’est pas porteur d’une italianité qui vient en conquérant, mais de cette bonhomie qui faisait écrire à Jean-Léonard Touadi il y a quelques jours que partout où ils vont les Italiens sont vus comme « différents ». Une différence qui n’est pas celle des puissants, mais de ceux qui savent interpréter les méandres par lesquels doit passer une aspiration à un développement se voulant intégral.

 

Lucien Mpama
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