Jean-Jacques Ngoko : la nécessité de doter le Congo d’un référentiel de contrôle de ciment

Mercredi, Juin 21, 2017 - 10:45

L’Agence congolaise de normalisation et de qualité (Aconoq) est chargée d’élaborer la norme en matière de ciment et d’en assurer le suivi et contrôle. Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, le mardi 20 juin, le directeur général de l’agence, Jean- Jacques Ngoko Mouyabi, explique le bien-fondé d’une enquête publique qui sera lancée dès le 1 juillet prochain, dont les résultats devraient aider à élaborer la norme congolaise du ciment et les mécanismes de contrôle.    

Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le directeur général, l’Aconoq existe depuis quand et quelle est réellement sa mission ?

J-J Ngoko Mouyabi : Cette agence existe depuis octobre 2015, à travers la Loi portant création de l’Agence congolaise de normalisation et de qualité. C’est à partir de cette date que nous avons commencé à travailler.

Le système de normalisation fonctionne à deux niveaux : la stratégie ou la politique de normalisation et les activités de l’Aconoq. Dans notre pays, on parle de système de normalisation et de gestion de la qualité qui renvoie à la structure notamment l’Aconoq qui est chargée de mettre en œuvre ce système.

Les principales missions de l’Aconoq sont autres autres d’identifier les besoins nationaux en norme ; de centraliser et organiser les travaux de normalisation, de sensibiliser de façon tout azimut les populations à cette culture nouvelle de la qualité et du respect de la norme ; de faire aussi la promotion de cette culture dans les entreprises, les administrations(...) ; de créer un comité technique ; de coopérer avec des organisations internationales spécialisées.

LDB : Quel est l’objet de l’enquête publique que vous comptez lancer le 1 juillet prochain auprès des consommateurs de ciment ?

J-J Ng :  Oui. En effet, le 1er juillet prochain nous allons lancer l’enquête publique sur le projet de norme congolaise sur le ciment. En rappel, l’élaboration d’une norme obéit à des règles strictes, pour le cas précis, la création d’un comité technique regroupant des experts, des sachant ou des parties prenantes du domaine de ciment.

L’enquête publique est une étape importante dans le processus d’élaboration de la norme sur le ciment. Située à la charnière des principales étapes, elle permet ainsi à tout le monde de pouvoir s’exprimer sur la question. Et notre comité technique a commencé à travailler sur ce dossier depuis le 15 mai 2017, de préparer des fiches techniques et d’analyser les avis d’experts et des producteurs contenus dans un draft.

L’étape de l’enquête publique permettra de recueillir les opinions du public congolais sur les arguments techniques résumés dans le draft. Toutes les informations et observations recueillies auprès du grand public vont être dépouillées et exploitées au niveau du secrétariat du comité technique. Si ces observations sont jugées pertinentes par le comité technique, elles seront intégrées dans le projet de norme.  

LDB : Des dispositions sont-elles prises pour mobiliser un grand nombre de cimentiers et consommateurs ?

J-J Ng :  En dehors des communiqués radios, télévisés, des contacts avec les organismes de presse, ainsi qu’une note officielle qui va être envoyée dans les différentes administrations, nous aurons des points focaux dans toutes les directions départementales de l’industrie.

Les informations seront transmises à partir d’aujourd’hui, à savoir le document du projet de la norme et le document de suivi d’observations. Par ailleurs, ceux qui veulent se procurer le document de norme peuvent s’adresser non seulement à ces directions départementales, mais aussi s’adresser à l’agence de normalisation. Le document sera également disponible en ligne sur l’Internet.

LDB : Avez-vous des reproches par rapport à la qualité de ciment vendu sur le marché national ?

J-J Ng : On va parler plutôt de quelques remarques. Il faut d’abord qu’en sache la qualité est une mesure. C’est du concret. Au Congo, il y a cinq unités de production, dont trois sont à ce jour en production, mais soumises à des normes différentes. 

Ce que l’on peut dire, le travail que nous sommes en train de réaliser va dissiper le doute ou l’appréhension de la qualité de ciment produit dans le pays. D’ailleurs, l’élaboration d’une norme est une demande des cimentiers.

Mais il ne faut pas oublier le ciment importé. Une chose est sûre, nous n’avons pas la capacité aujourd’hui de certifier cette qualité de ciment que nous consommons. C’est pour cela justement que nous sommes en train de travailler pour mettre en place un dispositif qui permet d’avoir le référentiel à partir duquel on peut contrôler le ciment importé et le ciment local.

Nous n’avons pas pu faire de façon précise, mesure et objective un contrôle de qualité sur le ciment produit dans notre pays. Ce ne serait pas juste de dire que le ciment local est de mauvaise qualité lors qu’on n’a pas la preuve des analyses et des essais. Tant que ces entreprises produisent en fonction de ces normes, le ciment est de qualité, mais la disparité de normes pose néanmoins un problème au niveau de contrôle de qualité.   

LDB :  Enfin, avez-vous des moyens ou matériels nécessaires pour mettre en œuvre cette nouvelle exigence ?

J-J Ng : La norme congolaise de ciment s’appliquera aussi bien à la production locale qu’au ciment importé.  Un arrêté ou un décret va organiser le contrôle et suivi des productions.

Nous comptons organiser des contrôles à l’entrée, c’est-à-dire à partir de chaque port par des laboratoires spécialisés. Nous souhaitons développer aussi ce qu’on appelle l’inspection avant embarquement. Ce mécanisme consiste, pour le ciment imùporté, à s’assurer au départ du stock que le produit est réellement de bonne qualité.

 

Propos recueillis par Fiacre Kombo
Légendes et crédits photo : 
Jean Jacques Ngoko Mouyabi
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