Nzongo Soul, l'idole des jeunes s’en est allé en laissant un important patrimoine culturel à explorer

Mercredi, Janvier 17, 2018 - 13:45

La mort de N’zongo Soul le 10 janvier dernier à Paris laisse non seulement un vide dans le monde musical mais aussi risque de vite précipiter dans les oubliettes le rythme Kongo, le Walla dont il est un des fervents défenseurs.

Nzongo Soul est sans conteste dans les années 1980, le chouchou des médias, l’idole des jeunes, le relayeur des paroles et langage juvéniles populaires.

Sifflet au cou, dreadlocks dressés, accoutrement afro américain avec Jeans ou pantalon cuir, blouson etc…il ne passait pas inaperçu dans le milieu musical dominé à l’époque par l’hégémonie de la rumba.

Dans les années 1980, son disque 45 tours «  Ah Nge mwana ho wa lambalala kochi, mbila ni ta ku ta ya ku we » est joué dans toutes les discothèques et boites de nuit de la place. La télévision congolaise qui émet encore en  noir et blanc fait passer souvent ce play back qui raffole à chaque diffusion les jeunes téléspectateurs. En 1981, son premier album « Marianne » est un grand succès. La télévision congolaise qui vient de se doter d’un matériel technique en couleur choisi Nzongo Soul et Pamelo Mounk’a qui vient de sortir l’album « L’argent appelle l’argent » pour lancer la phase expérimentale de ses émissions après un mois d’interruption. Habillé d’une tenue « style combinaison rouge des ouvriers  » et des chaussures boots, Nzongo, Soul épate par son énergie. Les Trente minutes qu’ont duré le passage de ses quatre chansons furent un véritable régal pour les téléspectateurs.

Trois ans plus tard, Nzongo Soul remporte le Prix Découvertes Rfi avec sa chanson Walla Tata. Il est couronné à Bamako où se déroule la cérémonie de remise des trophées cette année et signe à son retour l’album « Africa walla » en hommage à se sacre.  

Les succès vont plus tard s’enchainer. En 1984, son album Wa Semo va longtemps caracoler en tête au Hit parade Canal Tropical sur RFI animé par le regretté Gilles Obringer. En 1985, il signe Bungaya, l’album dans lequel il fustige les mauvaises pratiques dans la société qu’il assimile au Bungaya c’est-à-dire celui qui s’habille mal contrairement au crack toujours chic « We na miangu bo Bungaya, we na lwaza bo bungaya, we na buivi bo bungaya (Etre méchant, bavard et voleur, c’est être nul). Un album arrangé par Jeff Louna.

Nzongo Soul a toujours eu à cœur de partager sa passion pour le rythme de ses aïeux, le walla. C’est ainsi qu’en 1985, il va accueillir à bras ouverts deux françaises venues apprendre les richesses et subtilités de ce rythme mais aussi langue Kongo. Elles formeront sous sa houlette les Brush Walla qui deviendront par la suite les Brush Kongo.

Un an seulement après son arrivée en France, il chante en duo avec Bernard Lavilliers dans la chanson Noir et Blanc. C’est lors de la remise des Prix Découvertes 1985 à Brazzaville que les deux musiciens qui ont formé un merveilleux tandem à Brazzaville ont appris que leurs rythmes pouvaient se marier. « Mamé », la chanson qui rend hommage à sa chère maman sera longtemps au hit parade Kilimanjaro sur Africa n°1 en 1987.

Nzongo Soul qui fut une bête de scène a été aussi un grand ami des médias avec lesquels il échangeait souvent sur la musique mais aussi les autres sujets de la société. Les chroniqueurs de musique et animateurs de radio de l’époque, Jean Raymond Albin Lebanda, Jean Richard Mouyeni, Jean Marie Mambeké, Adrien Honoré Mbeyé, André  Yabi Yabi, Chrisostome Gérard, Minguielly Solo Kofi,  Miantourila Kouba, Sosso Givner, Claude Alain Yakité, Françoise Nkounkou, Anne Marcelle, ne s’en lassaient pas de diffuser sur les antennes de la Voix de la Révolution congolaise ses morceaux en y extirpant de temps à autre la morale. À la télévision congolaise, Alphonse Marie Toukas, Charlie Noel, Fortuné Joachim, Georges Tabas ne manquaient de partager avec les téléspectateurs les play back et clips de Nzongo Soul.

La musique de Nzongo Soul était atypique. Ce mélange du Rock, du reggae, du walla se mariait à merveille avec la puissance de son timbre vocal. Compositeur de la chanson à texte  de la pure tradition du mouvement musical « Groupe vocal », Nzongo Soul savait jonglait avec les mots et les langues dont le français, l’anglais et le Kongo étaient ses langues favorites. Un Franglais dénommé plus tard Walla Purification.

L’artiste à la tignasse débordante style coiffure afro dans les années 1980  et dreadlocks style Rastaman un peu plus tard, Nzongo Soul est parti à 63 ans avec sa musicosophie, sa philosophie musicale qui n’a pas hélas eu beaucoup d’adeptes au sein de son groupe les Walla Players, mais aussi au sein de la jeune génération des musiciens congolais.

Hervé Brice Mampouya
Légendes et crédits photo : 
Nzongo Soul crédit photo"Adiac"
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