Le Ghana a accueilli, le 21 février, une rencontre de quatre chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, dans le cadre de l’accélération du processus de création d’une monnaie unique.
La rencontre réunira la « task force présidentielle » composée des présidents Nana Akufo-Addo (Ghana), Muhammadu Buhari (Nigeria), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Mahamadou Issoufou (Niger). Elle devrait permettre l’adoption d’une nouvelle feuille de route pour la mise en œuvre du programme de la monnaie unique de la communauté, comme il a été recommandé lors de la réunion de Niamey, du 24 octobre 2017.
Les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient réaffirmé leur volonté de mettre en place une monnaie unique d’ici 2020 lors du sommet des chefs d’Etat à Niamey au Niger. Cependant, le Nigeria se montre toujours réticent.
Sur le plan technique, pour mettre en place une monnaie commune, il faut faire en sorte que les économies des pays concernés se rapprochent le plus possible : cela s’appelle la convergence. Comme l’objectif est monétaire, les critères de convergence sont eux aussi monétaires.
Le projet de monnaie commune existe depuis les années 1980, mais il a été relancé au début des années 2000. Il existe huit monnaies dans la zone Cédéao : le franc CFA et sept monnaies nationales. L’idée était de parvenir à créer une monnaie commune à ces sept pays qui n’ont pas le franc CFA. Cette monnaie devrait s’appeler l’« Eco ». Elle devait entrer en vigueur dès 2015, mais son lancement a été reporté à plusieurs reprises faute de convergence suffisante entre les pays concernés.
En effet, il existe deux points de vue au sein de la Cédéao. Ceux qui ne croient pas à la mise en place de la monnaie unique d’ici 2020, comme le président de la commission de la Cédéao, Marcel de Souza. Pour lui, la convergence n’a pas suffisamment progressé. L’harmonisation des politiques monétaires ne s’est pas faite correctement et aucun des pays concernés n’a pu respecter les critères de convergence de façon continue entre 2012 et 2016. La crise pétrolière de 2014 a entraîné une poussée d’inflation au Nigeria, une chute de la monnaie nigériane et ghanéenne, éloignant ces pays des critères de convergence. Pour Marcel de Souza, sans ces critères, il ne peut pas y avoir de monnaie commune.
Si le Niger veut à tout prix faire avancer la monnaie unique pour 2020, le Nigeria, par la voix de son président, n’y semble pas prêt et appelle à une avancée prudente. Marcel de Souza lui-même estime qu’il faudra entre sept à dix ans pour y parvenir.
Au cours du sommet des chefs d’Etat à Accra, la CEDEAO devrait annoncer si elle est prête à voir un petit groupe de pays se lancer dans l’aventure pour créer très rapidement un effet d’entraînement. Les populations demandent un signal fort et le débat actuel sur le franc CFA en est une traduction.
Cette nouvelle monnaie sera-t-elle arrimée à l’euro ou à une autre devise ? Cette question sera tranchée lors du sommet d’Accra. Certains défendent cette option, car c’est un gage de stabilité. C’est le cas des pays de la zone franc, qui souhaitent un arrimage à un panier de monnaies comprenant le dollar et le yuan chinois, par exemple.