Présidentielle russe : une élection jouée d’avance pour la victoire de Vladimir Poutine

Samedi, Mars 17, 2018 - 11:45

Quelque cent sept millions d’électeurs russes votaient le 18 mars pour réélire haut la main le président de Russie pour un nouveau mandat de six ans malgré les appels au boycott de l’opposition. Et cela sur fond de tensions avec les occidentaux sur plusieurs sujets.

L’actuel président s’apprête à triompher dans les urnes au moment où Londres accuse Moscou d’avoir ordonné l’empoisonnement d’un ex-espion russe, et que Washington le menace de nouvelles sanctions pour son ingérence dans l’élection américaine de 2016, alors que l’ONU ridiculise ses autorités pour leur soutien au président syrien, Bachar Al-Assad.

L’installation, ces derniers jours, d’un climat de quasi Guerre froide non seulement sur fond des questions sus-évoquées, mais aussi de l’annexion de la Crimée et d’insurrection dans l’est de l’Ukraine menée par des séparatistes soutenus par la Russie, a terni les relations entre les Occidentaux et le Kremlin. Echanges d’accusations, démentis et menaces de représailles réciproques ont pu être observés durant ces derniers jours. Et cette élection présidentielle, qui a eu lieu quatre ans jour pour jour après la ratification du rattachement de la Crimée, décidée à l’issue d’un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux, est tout aussi loin d’apaiser le regain de tensions entre les deux parties.   

Les derniers sondages créditent l’homme fort de la Russie de 70%. C’est dire qu’à 65 ans, il devrait remporter un quatrième mandat le portant au pouvoir jusqu’en 2024. Ce qui ne surprend guère, puisque Vladimir Poutine est loué dans son pays pour avoir ramené la stabilité après les années 1990, au prix, selon ses détracteurs, d’un net recul des libertés.

Parmi les autres candidats de ce scrutin figurent le millionnaire du Parti communiste, Pavel Groudinine, qui est crédité de 7-8 % des voix, l’ultra-nationaliste Vladimir Jirinovski de 5-6%, la journaliste libérale Ksénia Sobtchak 1-2%. Les quatre autres candidats se contentent des scores négligeables, selon les mêmes sondages. L’opposant Alexeï Navalny a été, quant à lui, interdit de participation à l’élection en raison d’une condamnation judiciaire, qu’il dénonce comme montée de toutes pièces.

Des observateurs estiment que l’empoisonnement, en Grande-Bretagne, de Sergueï Skripal et sa fille a peu de chance d’influer sur le vote, parce que les Russes sont habitués aux accusations occidentales régulières contre Moscou. C’est ce que soutient Alexandre Baounov du centre Carnegie dans la capitale russe. « Les conséquences en politique étrangère pour la Russie seront plus sérieuses (…). L’attaque d’un citoyen européen sur le territoire européen fait revenir les craintes concernant la Russie, ce n’est pas bon pour le Kremlin. », a-t-il estimé.    

A Moscou comme partout ailleurs dans le pays, il y a des électeurs qui veulent que Vladimir Poutine soit reconduit à la tête du pays pour que « les Occidentaux écoutent enfin la Russie », a confié un Moscovite qui a requis l’anonymat. « En Amérique et en Europe, ils essayent de nous faire plier, de nous agenouiller, mais nous tenons bon. Ils ont promis une crise, mais on a résisté. C’est la principale qualité de Poutine. », a poursuivi cet électeur, soulignant que l’actuel président russe est effectivement assuré de sa réélection.  

 

Nestor N'Gampoula
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