RDC : fermeture prolongée des médias proches de l’opposition

Mardi, Avril 3, 2018 - 14:30

Pour l’ONG de promotion et de défense de la liberté de la presse, Freedom for journalist (FFJ), il est inquiétant que ces organes de presse restent toujours fermés alors que le pays est à près de huit mois des élections générales.

L’organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse Freedom for journalist (FFJ), a dit regretter, à l’approche des élections générales prévues en décembre 2018 en RDC, la fermeture prolongée depuis 2015, des médias proches de l’opposition. Pour cette ONG, ces mesures prises contre les médias sont politiquement motivés et ont un seul objectif ; celui de supprimer des voix contraires à l’information officielle souvent expurgée de la vérité.

Dans son monitoring du 3 avril 2018, FFJ a noté la Voix du Katanga, une télévision émettant à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga, appartenant à Gabriel Kyungu, président de l’Union nationale des fédéralistes du Congo, membre du groupe de sept partis, nommé G7, qui ont quitté la majorité en septembre 2015 pour rejoindre l’opposition, en janvier 2016. Celle-ci a été fermée depuis le 11 mars 2016. Il y a également Mapendo et Nyota, deux médias propriétés de Moïse Katumbi, actuellement opposant au président Kabila et candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2018. Jua Lubumbashi Télévision, appartenant à Jean-Claude Muyambo, un autre membre de l’opposition, incarcéré à la prison centrale de Kinshasa, a été aussi réduite au silence. Alors que Radio Owoto, chaîne émettant à Lodja dans le Sankuru, et appartenant à l’opposant Lutundula, a été fermée depuis le 17 septembre 2015.

L’ONG a, en effet, rappelé que d’autres médias, propriétés des membres de l’opposition, ont été réduits au silence puis rouverts à la suite d’incessantes pressions de la société civile. Il s’agit, selon FFJ, de Canal Kin Télévision, et Radio liberté Beni, fermée depuis mi-novembre 2014 puis rouverts plus tard. Ces deux derniers médias sont des propriétés du président du Mouvement de Libération du Congo, Jean-Pierre Bemba. Dans cette liste, l’ONG a également noté Canal Futur Télévision du président de l’Union pour la nation congolaise, Vital Kamerhe, et Radio Lisanga Télévision de Roger Lumbala. « Ces médias émettent encore sont sous la menace de fermeture », a fait observer FFJ.

Libération d’un journaliste arrêté à Kinshasa

Dans un autre communiqué du 2 avril FFJ avait exigé la relaxation du journaliste indépendant, Eliezer Ntambwe, arrêté à Kinshasa.

Selon FFJ, l’animateur de Tokomi Wapi ? (entendez : Où en sommes-nous ?), un magazine diffusé sur les télévisions de Kinshasa, a été interpellé dans la matinée du lundi 02 avril 2018 dans son bureau au centre-ville de la capitale par des agents dont certains étaient en tenue de la Police et d’autres en tenue civile. Ils l’ont escorté à pied avant de l’embarquer dans une jeep de couleur branche stationnée à quelques mètres de son bureau. L’ONG a noté que l’animateur a été conduit, à la suite d’un mandat d’amener, au parquet près le tribunal de Grande instance de Gombe où il a été entendu sur procès-verbal.

Citant les informations qui lui sont parvenues et qui sont confirmées par des sources indépendantes, FFJ a souligné que l’animateur est interpellé à la suite d’une plainte du gouverneur de la province du Kasaï oriental, Alphonse Ngoyi Kasanji, pour « acharnement et calomnies ». A en croire l’ONG, le plaignant fait savoir qu’en date du 05 mars 2018, le journaliste a invité dans son bureau, deux de ses collaborateurs pour les mettre au courant d’une émission pour laquelle le journaliste aurait obtenu un financement extérieur pour le tournage dans une affaire de diamant que le gouverneur aurait voulu extorquer. « Eliezer a fait pression sur mes collaborateurs leur demandant de me convaincre pour payer de l’argent  en vue de faire bloquer la diffusion de l’émission », écrit le plaignant dans sa « mise au point » citée par FFJ qui, sans entrer dans le fond de l’affaire, dit d’être d’avis que la démarche du journaliste était celle d’obtenir un autre son de cloche sur l’accusation dont a été l’objet le gouverneur Kasanji et que la démarche du journaliste visait, sans nul doute, à équilibrer les faits en sa possession en parfaite conformité avec les prescrits du Code de déontologie du journaliste. « FFJ appelle la justice à rester indépendante puisque si la politique entre au palais, le droit sort par la fenêtre », a dit cette ONG, qui craint que les huit mois qui précèdent les élections générales au Congo soient une période sombre pour les journalistes et les médias. « M. Kasanji devra cesser d’utiliser sa casquette de gouverneur pour instrumentaliser la justice », s’est indignée l’organisation.

Lucien Dianzenza
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