Manifestation de la population du 3e arrondissement devant le siège de la Minusca
Plusieurs habitants de la commune ont pris d’assaut le siège de la Minusca, le 9 avril, scandant des slogans hostiles à l’endroit de celle-ci.
Ce sont des jeunes et des femmes voire des enfants qui ont marché du Km5 jusqu’au siège de la Minusca à la demande du comité de prévention de la crise du troisième arrondissement. Selon ce comité, cette marche vise à exiger du gouvernement et de la Minusca le dialogue en lieu et place des armes. Cette réaction fait suite à l’opération des forces conjointes visant à prendre possession des bases des chefs des groupes autodéfense de cet arrondissement de Bangui.
Un habitant du Km5, présent à cette marche, déplore l’action de la Minusca au Km5 dans un contexte sensible. «La situation est sensible au Km5, ce n’est pas le moment de larguer les bombes sur le Km5 alors que tous les quartiers ont des armes. Nous sommes d’accord pour le désarmement et le dialogue, mais non au bombardement du km5, même Hiroshima n’a pas vécu ce que nous avons vu hier. Les communautés ne peuvent pas s’approvisionner, les enfants ne vont pas à l’école. Nous sommes venus dire à la Minusca que nous avons besoin de macaroni et non des bombes », a-t-il dit.
Cette réaction intervient au moment où Bangui retient encore son souffle à la suite des tirs d’armes entendus dans la capitale après l’opération manquée des forces conjointes contre les éléments d’autodéfense dans le troisième arrondissement, ayant occasionné des pertes en vies humaines et faisant plusieurs blessés.
Attaques des forces conjointes au Km 5: Nimery Matar allias « Force » qualifie l'opération de coup d’Etat contre Touadera
« Force », réputé chef d’un groupe d'autodéfense, a défrayé la chronique en faisant parler de lui alors que la Minusca lui avait lancé l’ultimatum de se rendre avant le 30 mars.
Une première tentative menée par les portugais pour arrêter le chef rebelle avait échoué en son temps, quelques jours seulement avant la fin de l’ultimatum. C’est dans ce contexte que les forces conjointes ont lancé l’assaut le 8 avril sur km5. L’objectif, selon les sources officielles, est d’arrêter ce dernier afin qu’il réponde de ses actes.
Après quelques heures d’échanges de tirs, Bangui retient son souffle et Nimery Matar, allias Force, sort de son silence et qualifie l’action conjointe de coup d’Etat contre Faustin Archange Touadera. « Nous avons été attaqués à 2h 18 min, nos hommes ont résisté, on ne peut pas nous attaquer la nuit. C’est un coup d’Etat manqué, un véritable coup d’Etat contre le président Faustin Archange Touadera, ce n’est pas de notre faute », a-t-il indiqué, soutenant que l’attaque contre le Km5 est un complot pour déstabiliser le régime de Bangui. Il confirme, par ailleurs, le retrait des forces conjointes dans la localité. «Toutes les forces nationales et internationales se sont retirées du Km5, même la police et la gendarmerie aussi. Ils ont même tué ici », a-t-il expliqué.
C’est une première fois que les forces conjointes mènent une action de telle envergure pour déloger les groupes d'autodéfense décriés par les opérateurs économiques du secteur.
Pour le porte-parole du gouvernement, l'action conjointe au PK5 a été une opération de ratissage. Dans un communiqué officiel du 9 avril, Ange Maxime Kazagui aindiqué que c’est une opération qui consiste à confirmer l’autorité de l’Etat dans cette partie de Bangui qui jusque-là échappe au contrôle du pouvoir. « Cette opération a pour but de prendre possession des bases de ceux qui s’appellent des autodéfenses dans cette zone, avec pour objectif de faciliter la circulation des biens et des personnes et d’en finir avec les raquettes et les opérations d’enfermer les personnes dans les prisons privées et toute autre activité de banditisme que nous connaissons tous au Km5 », a rassuré le porte- parole du gouvernement.
Ce dernier appelle les Centrafricains à la prudence et à la sérénité. « Cette opération est faite pour amener la quiétude, la sécurité, la circulation, la bonne entente et en un mot la paix. Nous voulons attirer l’attention de la population qui pourrait se faire manipuler pour soutenir ces chefs de bandits armés et nous lui demandant de ne rien faire car elle n’y tirera rien », a-t-il laissé entendre.
Peine perdue, l’implication de la population civile dans cette activité est évoquée comme raison d’échec de l’opération. Cependant, certains éléments des groupes d'autodéfense sont arrêtés et seront placés sous mandat de dépôt.