Actualité en Centratrique

Administration du territoire

Jean Serge Bokassa se met à l’écart des activités gouvernementales

Une enquête du RJDH a révélé des bsences répétées du ministre au bureau, au conseil de cabinet, aux cérémonies officielles et aux conseils des ministres.

 Dans les couloirs du ministère de l’Administration du territoire, plusieurs cadres affirment n’avoir pas vu le ministre depuis plusieurs semaines. « Il ne s’est pas présenté au bureau depuis quelques semaines », a confié sous l’anonymat, un cadre de ce département.

Jean Serge Bokassa, selon plusieurs de ses collègues interrogés par le RJDH, n’a pas pris part à plusieurs réunions de cabinet sans que son absence ne soit justifiée. « Il est rare ces derniers temps mais aucune information n'est partagée à ce sujet », a expliqué un membre du gouvernement.

L’absence du ministre de l’Administration du territoire a été enregistrée à la commémoration du 59e anniversaire de la mort du père fondateur de la RCA. Il a été aussi absent à la cérémonie de dépôt de gerbe de fleurs au rond-point Boganda, cérémonie pendant laquelle le chef de l’Etat a inauguré le monument réhabilité. Le même jour à Bobangui, où était tout le gouvernement, Jean Serge Bokassa était encore absent.

Le 30 mars dernier, date anniversaire de l’investiture du chef de l’Etat, le ministre de l’Administration du territoire n’était ni au palais où étaient réunis tous les barons du régime ni au stade pendant le matche dont le coup d’envoi a été donné par Faustin Archange Touaédéra.  Le 31 mars, il était toujours absent à Bérengo, à la cérémonie de remise officielle des soldats centrafricains entraînés au maniement des armes russes. Le RJDH a tenté en vain d’entrer en contact avec le ministre accusé de s’être mis à l’écart des activités du gouvernement.

La tension entre Jean Serge Bokassa et le gouvernement a commencé depuis septembre, lorsqu’en faveur d’un remaniement, le portefeuille de la Sécurité lui a été retiré. Un mois durant, le ministre était resté à la maison. La situation a été décomptée après un tête-à-tête avec le chef de l’Etat. L’occupation de la résidence impériale de Bérengo par les instructeurs russes, sur ordre de la présidence, serait à l’origine de ce second froid qui pourrait déboucher, de sources autorisées, sur sa révocation du gouvernement, ce qui signerait le divorce entre Touadera et Bokassa.

 

Assistance humanitaire

MSF suspend une partie de ses activités à Bria

Dans la nuit du 6 au 7 avril, des hommes armés ont forcé l’entrée de la base de l'ONG, menacé des membres de l’équipe présente sur place et volé des biens essentiels au déploiement de l’aide médicale.

 

Médecins sans frontières (MSF) a suspendu ses activités suite à ce braquage, dans un contexte où Bria reste une zone où l’urgence médicale persiste. Selon un communiqué, une partie de son équipe a été évacuée et les activités sont réduites. C’est ainsi que les consultations externes à l’hôpital, sur le site de PK3 ou au quartier Bornou, ont été suspendues à compter du 9 avril et pour une durée indéterminée. « Seules les urgences vitales continueront à être prises en charge au niveau de l’hôpital et du PK3 », précise MSF.

Jean-Pierre Kaposo, responsable du projet MSF, regrette ne pas pouvoir assurer la continuité des soins de qualité qu’elle a l’habitude de dispenser. « Il est essentiel pour que tout le monde réalise que si la sécurité des équipes médicales n’est pas garantie, c’est la santé de toute la population qui est en danger », a-t-il souligné.

MSF offre des soins médicaux à la population de Bria depuis août 2013. Cette suspension intervient après celle de Bangassou, en novembre 2017.

 

Bangui

Une doctoresse retrouvée morte dans son bureau au ministère de la Santé 

L’Ordre des médecins parle d’assassinat et demande que toute lumière soit faite sur le décès, le 9 avril, de Prisca Mornandji, un haut cadre de la santé. D’autres sources parlent de suicide.

Dans sa déclaration en réaction à la découverte macabre, le médecinn Vie de Dieu Ngoko-Nzenguet, vice-président de l’Ordre des médecins, a posté sur sa page Facebook un appel aux médecins, pharmaciens et dentistes à la mobilisation pour exiger que lumière soit faite sur les circonstances de la mort de leur consœur. Convaincu que celle-ci a fait l’objet d’assassinat, peut-on lire sur sa page.

Le médecin traitant de la défunte, joint par le RJDH, parle, quant à lui, des pistes de suicide. «Il est difficile pour nous maintenant de parler de suicide, car la défunte souffrait d’un problème psychique, mais la piste de suicide semble probable », a indiqué le Dr Caleb Ketté, médecin traitant de Prisca Mornandji.

Une enquête judiciaire est ouverte par le parquet de Bangui aux fins d’élucider les circonstances de la mort de cette doctoresse. «Nous avons ouvert une enquête judiciaire depuis hier, et les officiers de police judiciaire y travaillent. Les premiers éléments résultant de l’enquête font croire à un cas de suicide, mais il faut préciser que l’enquête n’est pas encore bouclée», a expliqué le procureur de la République, Laurent Lengandet.

Le RJDH a tenté à plusieurs reprises et sans succès d’entrer en contact avec le ministre de la Santé pour avoir quelques éléments dont dispose ce département ministériel sur ce cas précis.

La Justice transitionnelle : un repère pour la lutte contre l’impunité

Le Groupe de travail de la société civile a présenté, le 9 avril, les quatre piliers de cette  justice à la communauté du 4e arrondissement.

La campagne de sensibilisation, dont l’objectif est d’impliquer les autorités locales, les jeunes, les leaders religieux dans le processus de la restauration de la stabilité et de la paix en Centrafrique, intervient dans un contexte où des groupes armés font leur loi tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays.

Fernande Martissi, conseillère du comité local pour la paix du 4e arrondissement, a relevé que « la justice transitionnelle regroupe quatre piliers dont la vérité, la justice, la réparation et la réconciliation. Les victimes ont droit à la réparation après qu’une justice équitable a été rendue », avant d’ajouter que « ce mécanisme doit servir de canal à la justice pour lutter contre l’impunité », a-t-elle suggéré.

François-Xavier Yombandjé, président du Groupe de travail de la société civile, souligne que ce mécanisme est méconnu du public, « raison pour laquelle il est primordial de sensibiliser la communauté en partant des leaders religieux, les enseignants, les autorités locales, les jeunes sur le concept justice transitionnelle. Il est important que les Centrafricains se parlent, se justifient les uns des autres », explique-t-il.

Cette série de sensibilisations à la Justice transitionnelle est prévue se tenir du 9 au 16 avril, dans les huit arrondissements de la ville de Bangui. Cette sensibilisation est organisée par le Groupe de travail de la société civile en collaboration avec la Division des droits de l’Homme de la Minusca.

 

Education

Des établissements scolaires fermés dans la capitale

Plusieurs écoles n'ont pas fonctionné, le 9 avril, à cause des tirs entendus dans la nuit. Les élèves ont été libérés par mesure de précaution.

Un établissement scolaire sur trois a pu ouvrir ses portes lundi matin, à Bangui. La quasi-totalité de ceux situés dans le 3e arrondissement et ceux de ses environs ont libéré les élèves pour leur sécurité.

Un dirigeant de « La Renaissance », établissement d’enseignement proche du Km5 parle de mesure de sécurité. « Nous avons décidé de libérer les enfants pour prévenir toute éventualité car non seulement nous sommes proches du Km5, mais aussi cette nuit les tirs ont été entendus un peu partout et on ne sait pas encore de quoi il s’agit », explique cette source qui a préféré garder l’anonymat.

Saint-Charles, une école privée catholique située dans le 2e arrondissement a aussi fermé ses portes. « Nous avons été libérés par la direction qui a évoqué des questions de sécurité. On nous a demandé de rentrer directement chez nous parce que la situation est volatile », explique Sonia, une élève en classe de seconde au sein de cet établissement.

Même si ce n’est pas explicitement dit, c’est la peur qui a motivé la fermeture, ce matin, de plusieurs établissements de la capitale. Cette peur a gagné les rues de la capitale où circulent des soupçons d’une attaque la nuit dernière contre la résidence du président, dans le 4e arrondissement.

Plusieurs Centrafricains rencontrés dans les rues de Bangui craignent que la capitale ne reprenne avec les vieux démons de 2013 et 2014. « Quand j’entends des coups de feu, les évènements malheureux de 2013 et de 2014 me reviennent à l’esprit. Aujourd’hui, je crains que nous ne retombions dans ces travers », explique Rodrigue, fonctionnaire de l’Etat, rencontré au centre-ville en train de regagner son domicile.

Francette, commerçante au centre-ville a décidé de rentrer chez elle car, pour elle, tout peut basculer. « Souvent tout commence de cette manière avant de gagner toute la ville. J’ai décidé de rentrer à la maison pour ne pas être surprise », confie cette dernière.

La peur qui impacte depuis ce matin les activités à Bangui est partie de l’opération de désarmement menée dimanche dernier au km5. Elle a été renforcée par les coups de feu qui ont été entendus une bonne partie de la nuit.

 

 

Nestor N'Gampoula et RJDH
Mardi, Avril 10, 2018 - 17:15
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