Actualité en Centrafrique

Un calme précaire observé au Km5 suite aux combats du 10 avril

Des détonations d’armes entendues au Km5 et dans les quartiers périphériques ont cessé à la tombée de la nuit. C’est ce qu’a rapporté un habitant du Km5 joint très tôt le matin du même jour par le RJDH. Cependant, plusieurs habitants sont restés terrés chez. La vie tourne au ralenti et les activités quotidiennes restent paralysées.

 « La nuit a été calme jusqu’à ce matin, après les tirs nourris d’armes qui se sont fait entendre dans la localité. Les activités quotidiennes sont encore paralysées après une tentative de reprise et la population civile de la localité vit dans la psychose tandis que celle des quartiers avoisinants a abandonné les maisons, fuyant les atrocités et les représailles pour se réfugier à la mosquée centrale de Bangui », a-t-il indiqué.

La circulation reste bloquée par les barricades des éléments d’autodéfense, empêchant ainsi l’accès du quartier aux forces conjointes. Plusieurs organisations de la localité se sont mobilisées pour chercher une solution pacifique à la crise.

Au moment où nous mettons sous presse cette information, le quartier PK5 reste quadrillé par les éléments des Forces armées centrafricaines et les forces internationales.

 

Plusieurs vols à l’intérieur du pays annulés pour raison de sécurité

Prévus à destination de certaines villes de l’arrière-pays, ces vols n’ont pas pu avoir lieu, le 11 avril, à l’aéroport Bangui-Mpoko. Des raisons sécuritaires ont été évoquées pour justifier cette situation.

Les vols annulés concernent les destinations des villes de Bria dans la Basse Kotto, Birao dans la Vakaga et Ndélé dans le Bamingui Bangoran. Les passagers avaient fini les formalités lorsqu’ils ont été informés de l’annulation de leurs vols. « Nous attendions l’embarquement lorsqu’on nous a appris qu’il nous était impossible de voyager à cause de l’insécurité dans nos villes de destination », a expliqué un passager en instance de voyage.

La sécurité est la principale raison avancée pour annuler les vols à destination de ces trois villes de l’arrière-pays. Selon les informations du RJDH, il y a eu une certaine agitation dans ces villes. « Nous avons été informés de certains troubles ou de soupçons de troubles dans ces localités. Par mesure de sécurité, la hiérarchie a souhaité que ces vols soient reportés, tandis que ceux des autres localités sont tenus », indique une source proche de Unhas.

Les informations du RJDH révèlent qu’à Bria, les éléments du FPRC ont érigé des barrières sur le pont Gbadou, non loin de l’hôpital universitaire de la ville, ce qui pourrait créer une tension. Dans les deux autres villes, une certaine agitation des hommes armés est signalée, mais aussi des manifestations de soutien aux groupes armés du Km5, à Bambari et Batangafo.

Ambassade de France à Bangui

Dénonciation d'un tract montrant le soutien de la France aux groupes armés du Km5

Le document est distribué dans les zones du 3e arrondissement et ailleurs par les éléments du groupe armé, partisan du leader appelé « Force ».

Depuis plusieurs années, le drapeau français flotte dans les principales bases des groupes d’autodéfense du Km5. Il n’en demeure pas moins, selon les informations, qu’un tract soit en circulation indiquant que « Force », chef d’autodéfense du Km5, est soutenu par la France, afin de saper les efforts consentis par le gouvernement centrafricain, qui a mis à contribution la Russie dans la formation des Forces armées centrafricaines (Faca).

L’ambassade de France n’a pas tardé à rejeter l’implication de son pays dans le soutien des chefs d’autodéfense du Km5. « L’ambassade de France à Bangui apprend avec consternation la distribution, par le dénommé « Force », d’un tract dans lequel celui-ci se prévaut du soutien de la France. L’ambassade de France dément formellement tout soutien à l’auteur de ce tract irresponsable et, plus largement, aux groupes armés qui entravent le retour à l’ordre public et entretiennent les violences contre la population civile », a scandé Louis Berthelot, conseiller politique et de presse à l’ambassade de France auprès de la République centrafricaine.

La France a aussi condamné les violences de ces derniers jours. « L’ambassade de France condamne les violences qui ont eu lieu lors de ces derniers jours, présente ses condoléances aux victimes et réitère son plein soutien à la Minusca et à toutes les forces gouvernementales engagées pour le retour de la paix et de la sécurité en Centrafrique », souligne-t-on.   

Cette position intervient au moment où le silence, ces derniers jours, de l’ambassade de la France, laisse courir beaucoup de rumeurs suite à la présence d’instructeurs russes en Centrafrique aux côtés des Faca et le possible rappel de l’ambassadeur de France et de deux autres diplomates par le Quai d’Orsay.

LTension sécuritaire au Km5

L’Union africaine et la Minusca préoccupées

Les deux parties ont, dans un communiqué conjoint le 11 avril, exprimé leur préoccupation sur la situation sécuritaire dans le cadre de l’opération consistant à arrêter les criminels au km5, considéré comme le poumon économique du pays.

La Minusca et le gouvernement ont lancé des offensives, dimanche dernier, contre les positions des leaders des groupes d’autodéfense du Km5. Dans leur communiqué, l’Union africaine (UA) et la Minusca ont indiqué qu’un soldat rwandais de la Minusca a trouvé la mort et neuf autres ont été blessés dont l’un d’eux se trouve dans un état critique.

Quelques minutes avant la publication de ce communiqué, des habitants du Km5 ont transporté des corps sans vie des victimes des combats et les ont exposés dans le calme devant le siège de la Minusca avant de se retirer. Or, dans ce communiqué aux senteurs d’un parti pris en faveur du gouvernement, la Minusca et l’UA se disent prêtes à utiliser tous les moyens dont dispose la communauté internationale pour créer les conditions de la restauration de la paix dans le pays.

Une position de fermeté affichée dans un contexte où le panel des experts de l’UA, conformément à sa feuille de route, envisage un dialogue entre le gouvernement et les groupes armés. Cependant, Abdoulaye Hissène, l’un des leaders du FRPC, a, sur sa page Facebook, contesté l’action de la communauté internationale contre les bandits du Km5. Est-ce à dire que le dialogue envisagé par l’UA bat de l’aile ? Il est trop tôt pour le dire, mais cela semble être le cas !

Par ailleurs, suite à l’opération du 8 avril, menée de concert avec les Forces de sécurité intérieures et les Faca au KM5, la Minusca poursuit ses efforts dans ce quartier, afin d’éviter une escalade de la violence dans les arrondissements périphériques.

Selon le communiqué de presse de la mission onusienne en Centrafrique, dans ce contexte de tension, la Force de la Minusca a dû, quatre heures durant, « repousser des éléments lourdement armés des groupes criminels qui ont délibérément ouvert le feu sur les forces internationales, qui ont automatiquement riposté. Neuf Casques bleus membres du contingent rwandais ont été blessés, dont l’un a succombé à ses blessures. Un autre Casque bleu se trouve dans un état critique ».

La Minusca, qui condamne cette attaque, demande « une cessation immédiate des tensions au KM5 qui ont déjà occasionné de nombreuses pertes en vies humaines et plusieurs blessés. Elle reste disposée à appuyer tous les efforts visant une résolution pacifique de ces tensions et réitère son engagement à soutenir le gouvernement à protéger la population civile, sans aucune distinction, et à restaurer la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national ».

Ces violences sont intervenues quelques heures après l’arrivée à Bangui du secrétaire général adjoint aux opérations du maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, et le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, l’ambassadeur Smail Chergui, dans le cadre d’une visite conjointe en Centrafrique.

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula et RJDH
Mercredi, Avril 11, 2018 - 17:45
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