Après les attaques atlantistes du14 avril dans le pays, la Russie et les pays coalisés (Etats-Unis, France et Royaume-Uni) se sont livrés la guerre des chiffres. Ce sont des analyses « à chaud », extraits des communiqués officiels des pays coalisés. Elles devraient être affinées dans les prochains jours.
La version russe
Elle est donnée par le ministère russe de la Défense et son état-major. Ce ministère affirme avoir détecté 103 missiles air-sol ou de croisière dont 71 auraient été interceptés par la défense anti aérienne-syrienne.
L’état-major, quant à lui, donne la liste des cibles et le nombre de missiles tirés et interceptés :
- 4 missiles auraient visé la zone de l’aéroport international de Damas : tous interceptés -12 missiles auraient visé l’aéroport militaire de Al-Dumayr : tous interceptés
-18 missiles auraient visé l’aéroport militaire de Baly : tous interceptés
-12 missiles auraient visé l’aéroport militaire de Shayarat : tous interceptés
-9 missiles auraient visé l’aéroport militaire de Mezzeh : 5 interceptés
-16 missiles auraient visé l’aéroport militaire de Homs : 13 interceptés
-30 missiles auraient visé diverses cibles dans les zones de Barzah et de Jaramani : 7 interceptés
La version du Pentagone
Elle a été donnée en conférence de presse. Les forces US et alliées auraient tiré 105 missiles sur les installations présumées contenir des armes chimiques de l’armée syrienne. (Ce chiffre est quasiment le même que les 103 détectés par les russes). Les moyens suivants auraient été utilisés.
- Le USS Monterey CG61 a tiré 30 missiles Tomahawk à partir de la mer rouge.
- Le USS Laboon DDG58 a lancé 7 missiles Tomahawk à partir de la mer rouge.
- Le USS Higgins DDG76 a lancé 23 missiles Tomahawk à partir du Golfe Persique.
- Le USS John Warner SSN785 a lancé 6 missiles Tomahawk à partir de la Méditerranée.
- La frégate française Languedoc a lancé 3 missiles navals mer-sol Scapl EG à partir de la Méditerranée.
- Les bombardiers stratégiques B-1B ont lancé 19 missiles de croisière air-sol Agm-158 Jassm.
- Les chasseurs britanniques Typhoon and Tornado ont lancé 8 missiles de croisière air-sol Storm Shadow/Scalp EG.
- Les 5 Rafales et 4 Mirages français ont lancé 9 missiles de croisière air-sol Storm Shadow/Scalp EG.
Selon le Pentagone, l’attaque n’aurait visé que trois cibles :
- 76 missiles – sur le Centre de recherche et de développement de Barzah
- 22 missiles – sur le site de stockage de Him Shinshar
- 7 missiles – sur le bunker de stockage d’armes chimiques de Him Shinshar
- Selon le Pentagone et les États-majors français et britanniques, tous les missiles auraient atteints leur cible et aucun n’aurait été intercepté. A l’appui de leurs affirmations, les américains ont montré des photos « satellite » dans le cadre d’un « Battle Damage Assessment » (Estimation des dommages après frappe).
Les conséquences des frappes
Ces frappes auront des conséquences dans l’avenir. D’abord, elles n’ont pas affecté les Forces armées syriennes qui s’en sortent intactes et vont poursuivre la reconquête du territoire national. Le président Bachar el Assad sort probablement grandi aux yeux d’une forte majorité de son peuple. Les pays coalisés ont appliqué la stratégie du « fort au faible », en s’attaquant à la Syrie, et non à la Russie et à l’Iran, pourtant clairement désignés comme co-responsables de « la présumée attaque chimique ».
Ces frappes américaines interviennent à quelques mois des élections de mi-mandat, ce qui permettrait au président Donald Trump de redorer son blason. C’est la première fois que la France sort de la légalité internationale, depuis 1945, en s’affranchissant du feu vert des Nations unies. Suite à ces frappes, les Russes envisagent d’équiper l’armée syrienne en S300. Et si la version russe des frappes était la bonne, cela signifie que Vladimir Poutine serait désormais capable de réduire toute tentative de frappes occidentales.