Actualité en Centrafrique

Trafic illicite de minutions de guerre

L’OCDH s’indigne de l’interpellation d'un Casque bleu

L’association de défense des droits de l’homme a, dans un communiqué rendu public le 18 avril, critiqué la Minusca dont l’un des éléments a été pris la main dans le sac. Elle est restée perplexe de l’issue de l’enquête conjointe ouverte à cet effet, selon le communiqué, et l’entretien accordé au RJDH sur la question.

L’Observatoire suit de près l’évolution de la situation sécuritaire du pays. Outre sa prise de position contre la vente illicite de munitions de guerre, il trouve normal que les groupes armés se retrouvent pour un conclave mais précisent, cependant, que si l’objectif est de marcher sur Bangui comme laissent entendre les médias et les réseaux sociaux, c’est malsain.

Loin de faire confiance aux enquêtes de la Minusca, l’OCDH demande une enquête qu’il veut indépendante pour faire la lumière sur cette affaire. D’ores et déjà, l’OCDH se constitue partie civile dans cette affaire rocambolesque en saisissant le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Bangui.

Il réitère sa demande, afin que cette enquête devienne effective et qu’à l’issue, il y ait démantèlement de tout le réseau de trafics des munitions et armes de guerre avec les forces négatives qui sèment la désolation au sein de la population. L’OCDH emboîte le pas aux autorités politiques qui ont critiqué cette pratique de vente illicite d’armes aux groupes armés.

 

Conclave des Séléka à Kaga-Bandoro

Le gouvernement déclare ignorer les tenants et les aboutissants des assises 

Les autorités centrafricaines déclarent, jusqu’à ce jour, ne pas connaître encore le mobile réel du regroupement d’hommes en armes dans la ville. Une position affichée le 18 avril par le ministre porte-parole du gouvernement, Ange Maxime Kazagui, lors de la traditionnelle conférence de presse conjointe avec la Minusca à Bangui.

Voilà trois jours que la ville de Kaga-Bandoro, dans la préfecture de Nana-Gribizi, est sous tension et fait l’objet d’inquiétude. Celle-ci est due au rassemblement insolite d’hommes en armes dans cette ville située au centre de la République centrafricaine.

Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, dans cette rencontre avec la presse, a dit ne pas connaître les motivations de ces groupes armés. « Nous avons observé depuis quelques jours, bien entendu, un regroupement d’hommes en armes à Kaga-Bandoro. Selon nos observations, nous ignorons encore le mobile de cette rencontre », s’est-il nquiété.

Mais il a tenu à rassurer l’opinion sur la position du gouvernement, qui est prêt à prendre des dispositions avec ses partenaires. « A l’heure actuelle, des dispositions très claires sont prises par les partenaires de la Centrafrique de manière à ne permettre, en aucun cas, que quelques groupes armés puissent entamer une descente folle ou inutile sur Bangui », a-t-il prévenu.

Position partagée par Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca. « Si jamais il y a des actes de belligérance, la Minusca, dans le cadre de son mandat, prendra des mesures qu’il faudra. Nous demandons à ces groupes armés de cesser immédiatement de remettre en cause les acquis légitimes en faisant obstacle à la restauration de l’autorité de l’Etat », a-t-il fait savoir. Depuis plusieurs années, les autorités dirigeantes peinent à restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire.

 

Crise en Centrafrique

Le Cameroun renforce les mesures sécuritaires à sa frontière

Yaoundé a décidé de prendre la mesure pour éviter les incursions des bandes armées sur son territoire et qui perturbent la quiétude de la population camerounaise et le climat des affaires. Il s’agit de la création du 16e Bataillon d’infanterie motorisée (16e BIM). Son commandement a pris fonction le 14 avril, Garoua-Boulai.

Confrontés à une crise militaro-politique, les groupes armés qui sévissent en terre centrafricaine ne cessent de menacer la sécurité transfrontalière entre le Cameroun et la Centrafrique longue de 797 km. Pour prévenir toute menace et assurer la sécurité, l’état-major de l’armée camerounaise a procédé à la création du 16e BIM dans la localité de Garoua-Boulai, dans un contexte où la tension sécuritaire n’est pas bonne avec le regroupement des ex-Séléka à Kaga-Bandoro.

Le commandant de ce bataillon, Young Ewang Mesape, a pris ses fonctions à la tête de cette nouvelle unité, le 14 avril. A sa prise de commandement, l’officier supérieur camerounais a déclaré: « Je suis prêt à faire ce qu’on attend de moi. Garoua-Boulaï est une zone que je maîtrise très bien. J’ai passé deux ans à la frontière Cameroun-Centrafrique pour le compte des Nations unies et de l’Union africaine ».

Le 16e BIM s’ajoutera aux autres formations militaires déjà présentes dans le secteur, notamment la 11e Brigade d’infanterie motorisée, le Bataillon d’intervention rapide, le Groupement polyvalent d’intervention de Gendarmerie nationale.

Pour  Grégoire Mvongo, gouverneur de la région de l’est, la création de ce bataillon est salutaire. « Les problèmes de sécurité qu’on enregistre dans ce pays voisin de temps en temps ont tendance à avoir des répercussions à Garoua-Boulai. La création de ce bataillon d’infanterie motorisée participe à l’ensemble des mesures prises par le chef de l’Etat pour préserver notre pays de ces atteintes à l’ordre public », a commentéle gouverneur. Selon des sources sécuritaires, Garoua-Boulai, la localité frontalière de la République centrafricaine, accueille plusieurs réfugiés.

 

Entrepreneuriat

Le Pnud soutient la jeunesse centrafricaine 

Dans le cadre du projet E Zingo, deuxième génération, l'agence onusienne renforce la capacité des jeunes du pays. Trente-cinq  d'entre eux, issus de différents milieux, sont formés, à cet effet, à Bangui.

La culture entrepreneuriale par les jeunes reste à consolider pour faire face à la pauvreté et à la crise récurrente qu’a connue le pays. C’est dans ce contexte qu'ils sont initiés à l’entrepreneuriat au lieu de tout attendre de la Fonction publique comme l’unique l'employeur. Cet appui du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en faveur des jeunes survient au moment où le président de la République, Faustin Archange Touadera, annonce seulement mille cinq cents emplois au titre de l’année 2018.

Une approche qui se distingue des autres formations à travers ses objectifs. « Cet atelier est la formation des formateurs en entrepreneuriat et à l’autonomisation économique des jeunes. En Centrafrique, nous avons formé pas mal de jeunes et des leaders mais dans le domaine de la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la médiation. Mais quelque chose reste et cela concerne surtout le domaine de l’économie et la recherche des revenus et pour ce faire, il nous faut des encadreurs, des leaders et des formateurs », a-t-il précisé.

Cette formation est évolutive et c’est au cas par cas. « Pour l’instant, c’est la première vague constituée de trente jeunes formés, qui vont être déployés sur le terrain. La cible est d’atteindre cent jeunes leaders capables de former leurs pairs en entrepreneuriat et ensuite, il y aura une seconde et une troisième vagues de formation des formateurs », a conclu Bénédicte Remando. Le sous-emploi et l’absence d’entrepreneuriat constituent l’une des raisons qui ont généré la crise qui paralyse le pays depuis bientôt quatre ans.

 

Justice

Les autorités de Bangassou appellent au renforcement de la chaîne pénale

La montée inquiétante de la justice populaire dans la localité continuant d’inquiéter les autorités administratives, le sous-préfet, Richard Nouidemona, a plaidé pour que le pouvoir judiciaire puisse couvrir l’ensemble du pays. Il l’a fait savoir au RJDH, lors de son passage dans la région.

La préfecture du Mbomou est fragilisée par le conflit entretenu par les groupes armés dans la région. Cette situation sécuritaire difficile laisse la voie libre aux pratiques de justice populaire. C’est dans ce contexte que le sous-préfet de Bangassou, chef-lieu de la préfecture de Mbomou, plaide pour le renforcement de la chaîne pénale en vue d’éradiquer ce phénomène.

La tuerie sans aucune forme de procès des personnes est un cas de trop, selon le représentant du gouvernement à Bangassou. « Les cas sont récurrents dans la ville et certaines localités proches de Bangassou.  Il y a un pasteur et une femme accusés de pratique de sorcellerie qui ont été tués par des anti-Balaka et une autre personne a été enterrée vivante par des habitants », a-t-il décrié.

Il n’est pas le seul à prôner cette vision ; les religieux sont du même avis que lui: « Nous déplorons ce genre de pratiques, dont sont victimes certaines couches sociales de Bangassou. La justice est la seule voie de recours et non la justice populaire. C’est pourquoi, nous demandons un renforcement de l’appareil judiciaire dans le Mbomou », a insisté un ministre du culte, sous couvert d’anonymat.

La justice populaire refait surface à travers le pays. Les groupes armés sont en première ligne au moment où les officiers de police judiciaire s’organisent pour commencer les enquêtes sur les crimes de guerre commis dans le pays.

 

 

 

Nestor N'Gampoula et RJDH
Mercredi, Avril 18, 2018 - 18:30
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