Processus de paix
Les Russes entrent dans la danse des pourparlers avec les groupes armés
Alors qu’ils poursuivent l’entraînement des Forces armées centrafricaines (Faca) pour le maniement de leurs armes, des émissaires militaires russes ont entamé discrètement des entretiens avec l’aile dure de la Séléka sous contrôle de Nouredine Adam. C’est ce qu’a révélé le porte-parole du gouvernement, Ange Maxime Kazagui.
Depuis l’autorisation du Conseil de sécurité, les soldats russes font preuve de la sociologie militaire et refusent d’être considérés comme des forces d’occupation. Après des distributions des vivres à la population du Km5, c’est le tour des discussions avec les groupes armés à Kaga-Bandoro. L’implication des soldats russes intervient dans un contexte où l’Union africaine, dans le cadre de la mise en œuvre de sa feuille de route, poursuit les discussions avec ces groupes armés en vue d’un dialogue avec les autorités du pays prévu probablement pour juillet.
L’aéronef des émissaires russes a atterri sur l’aérodrome de Kaga-Bandoro à la surprise de la population qui ne comprenait pas pourquoi les Blancs, membres de l’équipage, puissent entrer en discussions avec les leaders des groupes armés. La réaction de cette population était d’empêcher l’avion de décoller de là. Sur les réseaux sociaux, cette réaction a fait un buzz, beaucoup sont ceux qui voient la main de la France jusqu’à ce que le porte-parole du gouvernement lève l’équivoque. « Cet avion dont on parle est un avion russe dont la mission de l’équipage serait de prendre contact avec les responsables des groupes armés », a-t-il dit, avant d’appeler la population au calme.
La réaction du porte-parole cache mal la fermeté vis-à-vis des groupes armés. En langue nationale Sango, la précision de la déclaration gouvernementale est sans appel. « Dans la situation où nous nous trouvons, comme vous le savez, il y a parfois le dialogue avant le combat. C’est pourquoi, j’ai reçu de la hiérarchie l’information comme quoi ce sont les Russes qui sont partis discuter avec les groupes armés », a-t-il insisté.
Les Russes engagent des discussions avec les groupes armés peu après le regroupement des leaders de la Séléka à Kaga-Bandoro, puis à Ndélé mais aussi et surtout à un moment où le flux d’armes dans les zones sous contrôle des groupes armés s’intensifie.
Difficile de dire aujourd’hui si le Conseil national de la médiation y est impliqué. Ce même doute concerne aussi l’engagement du panel des experts de l’Union africaine dans ce nouveau dialogue engagé par les Russes. Toutefois, ces différentes structures ont appelé au dialogue dans la fermeté.
Insécurité dans le nord du pays
Un braquage perpétré dans l’église catholique de Ndélé
Des personnes non identifiées ont emporté, dans la nuit du 29 au 30 avril, une importante somme d’argent selon des sources proches du clergé.
La paroisse Sainte Marie de Ndélé, sise dans le fief de la Séléka, a fait l’objet d’un braquage dans un contexte où cette localité sert de point de convergence pour les groupes armés hostiles au pouvoir de Bangui après l’opération Soukoula contre les groupes armés du Km5. Regroupement où, selon des informations concordantes, les combattants commencent à regagner les zones sous leur contrôle.
Le père, curé de la paroisse Sainte Marie de Ndélé, Placide Ngounou, décrit les faits en ces termes : « C’était aux environs de 1h du matin que quatre personnes armées ont fait irruption dans la concession de l’église. Après avoir neutralisé le veilleur, Ils nous ont pointés avec leurs armes en nous demandant de l’argent. On était obligé de leur remettre le coffre-fort contenant l’argent réservé au pèlerinage prévu pour le 5 mai courant ainsi que l’argent du fonctionnement de l’école que nous gardons chez nous ».
Un autre prêtre nommé Rufin Maléporo a souligné qu’ils n’ont pas été agressés par ces malfrats. « Ils nous ont menacés au début avec les armes mais leur objectif était de nous extorquer de l’argent et c’est ce qu’ils ont fait. Mais nous n’avons pas été maltraités ni agressés », a-t-il ajouté.
Le braquage perpétré contre les religieux catholiques intervient quelques semaines seulement après l’assassinat de l’abbé Joseph Désiré Angbabata, curé de la paroisse de Séko, à 62 km de Bambari, au centre du pays, par des hommes armés.
Localité de Bria
Le flux des armes menace la paix
L’information a été donnée au RJDH par des sources bien informées qui ont précisé que l'arsenal est venu du Soudan au profit des groupes armés proches du FPRC.
Les cargaisons d’armes convoyées par véhicule sont arrivées entre le 25 et le 26 avril dans la ville de Bria, alors que les leaders du FPRC et de l’UPC se regroupent à Ndélé, dans le Bamingui Bangoran. Ce flux d’armes vers cette localité contrôlée par les groupes armés de Bria intervient dans un contexte où les combattants armés ont restitué une partie de leurs armes au bénéfice du processus pré DDR lancé dans la ville. Elles vont servir aux anti-balaka qui multiplient la fabrication d’un matériel artisanal.
Joints par le RJDH, certains cadres du FPRC n’ont pas voulu commenter le flux de ces armes. « Nous n’avons pas de réponse à donner à votre question, nos leaders sont à Ndélé quand ils seront de retour, à ce moment-là ils vous le diront », a dit un élément du FPRC dans la ville de Bria.
Cette situation est une menace pour la paix dans la région selon la société civile. « Le calme que vous observez ici est temporel et imprévisible. Il suffit d’un rien pour que cela bascule. Nous avons enregistré des incidents qui peuvent conduire à des affrontements. Les éléments du chef Dagboucha ont perpétré des violences sur un individu et c’est comme cela que commencent les violences ici. Mais Dieu merci, la situation s’est stabilisée », a expliqué au RJDH un membre de la société civile sous couvert d’anonymat.
Les affrontements armés entre les groupes actifs dans la région ont contraint plusieurs personnes à vivre sur le site des déplacés, dont 44 318 sur le site de Pk3, selon l’ONG Coopi, et plusieurs centaines dans certains sites des déplacés de Bria.
La Haute Kotto est une zone minière et les groupes armés qui ont l’emprise sur l’exploitation de ces mines ne favorisent pas le retour de l’autorité de l’Etat, malgré les sanctions du processus de Kimberley infligées aux diamants du nord-est considérés comme diamants du sang.