Assassinat de l’abbé Albert Toungoumale Baba
Le cardinal Nzapalaïnga réclame justice
Dans une déclaration faite le 2 mai, le prélat a demandé au gouvernement et à la Minusca d'ouvrir une enquête suite à l’assassinat du prêtre de la paroisse Saint-Mathias, alors qu’il présidait une messe en la paroisse Notre-Dame-de-Fatima.
Que toute la lumière soit faite sur les circonstances de l’attaque de Notre-Dame-de-Fatima, c’est la ligne choisie par le cardinal Dieudonné Nzapalaïnga dès sa descente d’avion, un jour après les tueries de l’abbé Albert Toungoumalé Baba et de plusieurs paroissiens alors qu’ils prenaient part à une messe de vœux. Une déclaration prononcée dans un contexte où l’opinion nationale et l’Eglise sont suspendues à cet appel.
Le cardinal métropolitain de Bangui a insisté sur la condamnation de l’acte et pour que justice soit faite. « J’en appelle au gouvernement et à la Minusca pour que la lumière soit faite., c’est à dire qu’on puisse connaître la vérité et que la justice soit rendue aussi à la population centrafricaine. C’est pourquoi, je voudrais, sans ambages, condamner énergétiquement ce qui s’est passé en la paroisse Notre-Dame-de-Fatima », a lancé Dieudonné Nzapalaïnga.
L’assassinat du prêtre et bien d’autres actes abominables inquiétant les hommes de Dieu ont poussé l’évêque à s’interroger sur la destinée de la Centrafrique. « Depuis des décennies, qu’avons-nous fait de ce pays ? Coups d’Etat, mutineries, rébellions à réplétion. Le résultat est devant nous. Nous avons des morts, des scènes de pillage, des destructions. Derrière ces événements, je me pose des questions : y a-t-il de la manipulation ? Y a-t-il de l’instrumentalisation ? Y a-t-il une volonté de diviser le pays ? Y a–t-il un agenda caché ? ». Autant de questions qui ne trouvent pas encore de réponse.
Cette idée a été soutenue par l’Imam Kobine Layama, président de la Communauté islamique, qui juge inacceptable le crime odieux perpétré en la paroisse Notre-Dame-de-Fatima. « C’est inacceptable que les agendas cachés puissent mettre en échec tous les efforts déployés en faveur de la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans le pays », a-t-il signifié.
Un début de réponse aux interrogations de l’Eglise par la voix du cardinal vient du gouvernement qui, dans une déclaration, a pointé du doigt l’aile dure de la Séléka dirigée par Nouredine Adam, leader du FPRC, réfractaire au processus de paix et à la main tendue du pouvoir de Bangui.
Le chef d’autodéfense "Force" nie son implication
Mis en cause dans l’attaque contre l’église de Fatima, Nimery Matar, alias "Force", brise le silence et accuse la Minusca et les forces intérieures d’être à l’origine du drame. Accusation rejetée par la force de l’ONU qui affirme ne pas être en première ligne, mais plutôt les forces intérieures.
Selon Nimery Matar, la confusion faite par les éléments de la gendarmerie et le contingent portugais de la Minusca serait à l’origine du drame. « Ce sont les Portugais et les gendarmes qui ont tiré sur un jeune ce matin qui était sur sa moto. Il pensait que c’était moi, alors que je suis malade depuis trois jours. Je souffre de la tension et suis alité. C’est à ce moment qu’on a amené le blessé éventré et que les éléments se sont soulevés. Je suis malheureux, ce que je ne fais pas, on dit que c’est moi », s'est-il justifié.
Accusation rejetée en bloc par la Minusca, à travers Hervé Verhoosel, chef de communication stratégique, qui parle de tension. « Oui, nous avons appris au même titre que vous qu’il y a affrontement en ce moment proche du Km5, mais je puis vous dire que la Minusca n’est pas en première ligne », a-t-il répondu aux questions du RJDH.
Plusieurs personnes ont trouvé la mort dans cette attaque et plusieurs blessés sont pris en charge dans les centres de référencement ainsi que par Médecins sans frontières (MSF). En effet l’ONG médicale a affirmé avoir pris en charge plus de cinquante blessés par balle dans ses locaux à Bangui, après l’attaque, le 1er mai, de la paroisse Notre-Dame-de-Fatima proche du Km5.
Pour MSF, cinq personnes blessées ont été reçues à la maternité de Gbaya Dombia où elles ont été stabilisées avant d’être déchargées. « L’une d’entre elles, dans un état critique, a été transférée à l’hôpital MSF de Sica. L’hôpital de Sica a, quant à lui, reçu à la mi-journée plus d’une cinquantaine de blessés, tous par balle. Six ont malheureusement succombé à leurs blessures », précisait un communiqué de l'organisation.
MSF appelle instamment au respect des hôpitaux pour pouvoir apporter des soins d’urgence aux blessés. « L’hôpital Sica est l’un des seuls hôpitaux de Bangui capable d’assurer une prise en charge chirurgicale d’urgence et les équipes MSF ont le devoir d’y fournir des soins gratuits à toute personne qui en a besoin », ajoutait lecommuniqué.
Des sources humanitaires parlent de plus de quinze morts dans cette attaque qui fait monter la tension dans la capitale, depuis le 1er mai, jour de la fête des travailleurs.