Christine Makany: « Nous pouvons sublimer les saveurs de chez nous »

Mardi, Septembre 18, 2018 - 15:45

La transformation des fruits locaux en jus naturels fait déjà partie des chaînes de valeurs que plusieurs jeunes entrepreneurs du secteur agro-alimentaire proposent, dans le cadre de la consommation et la valorisation de ces produits. Christine Makany, créatrice de la marque Glacy, propose une autre piste de transformation de ces fruits qui mériterait d’être explorée.

Christine Makany œuvre avec les moyens du bord dans la transformation des agrumes en sorbets et crèmes glacées. « Je ne comprends pas qu’on puisse continuer à consommer des poudres diluées comme jus pendant que le Congo peut produire des jus de bonne qualité avec ses fruits locaux. Je propose des jus de fruits à base de tsui-téké, tondolo, malombo, barbadine, tagawiss, citron, figue et autre fruits mais aussi des crèmes glacées à base de ces mêmes fruits », a-t-elle fait savoir.

Avant de poursuivre: « Le développement local commence par ce que nous avons. Pour valoriser nos produits, nous devons planter, former et nous industrialiser. À travers nos plantations, on créera des unités de production, d’extraction et de transformation de ces produits. Ces structures déboucheront certainement sur des métiers.  Lorsque moi, par exemple, je fabrique ma glace, je veux qu’elle soit vendue aussi bien sur le marché national qu’international, il faut donc qu’elle soit produite dans les normes, pour le savoir on a besoin des laborantins pour contrôler ce qui sort de chez Glacy. La formation est à cet effet capitale car on ne peut s’engager sur le chemin de l’industrialisation sans avoir du personnel adéquat ».

L’attachement de Christine Makany à cette mise en lumière des produits du terroir l’avait conduite, en février dernier, au salon international de l’agriculture à Paris, en France. Au côté de l’entreprise agro-alimentaire Les doigts verts du Congo, elle a démontré son savoir et le potentiel de la transformation industrielle de ces fruits. « Si je n’avais pas participé au salon international de l’agriculture à Paris, en France, je n’allais peut-être pas recevoir, aujourd’hui, l’invitation de celui de Miami. Les doigts verts du Congo ont cru en Glacy et donné l’occasion de faire valoir les fruits congolais sous d’autres cieux. De tels partenaires, Glacy en a besoin pour porter haut le Congo à travers ses saveurs », a-t-elle indiqué.

Depuis certains temps, les salons consacrés au secteur agro-alimentaire ont le vent en poupe au Congo. Cela traduit certainement une prise de conscience de la part des gouvernants, fournisseurs et consommateurs, à l’égard du bien-fondé de la production, transformation, consommation et valorisation des produits agro-alimentaires congolais. Toutefois, en dépit de cette attention progressive, les porteurs de projet peinent à trouver des fonds pour se lancer. Un manque d'appui financier des banques est fortement déploré. « Le financement est le plus grand souci de Glacy, en ce moment. Les recettes sont englouties par l’achat des machines nécessaires et de la marchandise en grande quantité, d’où la capacité de production très limitée de Glacy. C’est bien de mettre la main à la pâte pour montrer qu’on croit en son projet mais il est difficile de se développer, lorsqu’on est la seule à investir dans son business. Les besoins ne sont pas énormes, mais si je pouvais avoir du financement pour acheter le matériel, cela fera certainement avancer les choses », a-t-elle conclu.

 

 

Durly Emilia Gankama
Légendes et crédits photo : 
Photo: Christine Makany, créatrice de Glacy
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