Braconnage: les pachydermes d’Afrique extrêmement menacés

Mercredi, Septembre 19, 2018 - 13:30

Il y a peu, le monde célébrait, le 12 août dernier, la Journée mondiale des éléphants. Mais qu’en est-il de ceux du continent, principale zone de vie du plus gros mammifère terrestre ?

Les éléphants d’Afrique sont extrêmement menacés. Une situation qui ne va pas en s’améliorant, bien au contraire. Dans ce continent, un éléphant meurt tous les quarts d'heure, c'est-à-dire que presque trente-cinq mille d'entre eux décèdent chaque année, d’après l'ONG Wildlife Angel. Une tragédie qui touche les quatre grandes zones géographiques de répartition de l’éléphant que compte le continent. Que ce soient les savanes ou les forêts, tous les milieux occupés par les éléphants sont concernés.

Selon l’ONG Wildlife Angel, les choses empirent d'année en année. Et, c’est la quête de l'ivoire de ces éléphants d’Afrique qui est, bien entendu, la principale responsable de leur déclin. Un kilogramme de défense se vendant 1500 euros, un pachyderme en porte jusqu'à 50 kilos.

Les bénéfices juteux découlant de ce commerce donnent des idées aux groupes rebelles et alimentent en armes les guérillas et mafias locales. Face à ces braconniers d’une extrême violence, les moyens investis par la plupart des Etats africains, notamment en patrouilles, sont dérisoires. Il en est de même pour les organisations internationales qui manquent de moyens sur place.

Les organisations criminelles, ayant trouvé que le prix de vente de l’ivoire était relativement faible, ont décidé purement et simplement de viser l’éradication de l'espèce, pour faire augmenter le marché.

Toutefois, le braconnage d'éléphants en Afrique a chuté en 2016, pour la cinquième année consécutive mais leur population continue de diminuer en raison des conflits et des activités humaines, souligne un rapport de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction ( Cites). «Au cours des dix dernières années, l'Afrique orientale (...) a perdu près de 50% de ses éléphants», selon John Scanlon, secrétaire général de la Cites. «Depuis un pic en 2011, il y a eu une baisse régulière du braconnage et l’analyse de 2016 montre que le niveau est retombé en dessous de celui d'avant 2008 », poursuit-il.

En Afrique australe, le Botswana continue à abriter la plus grande population d'éléphants. Leur nombre s'est accru en Namibie et en Afrique du Sud, ajoute le rapport, qui déplore en revanche que le massacre d'éléphants reste très élevé en Afrique centrale. Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, citée dans le document, la population des éléphants d'Afrique s’est réduite de cent onze mille au cours des dix dernières années.

Parallèlement à la baisse du braconnage – significative dans l’est de l’Afrique -, le commerce illégal d’ivoire reste très actif, comme en témoigne le nombre saisi totalisant près de quarante tonnes enregistrées en 2016. Un record depuis l’interdiction du commerce d’ivoire en 1989, ajoute le rapport de la Cites. Cela « peut être le résultat des efforts des douanes et de la police et d’une plus grande vigilance du secteur des transports», a estimé John Scanlon. «Mais le record de saisies en 2016 peut aussi signifier que les trafiquants d’ivoire ont été influencés par la perspective de contrôles renforcés, de l’interdiction imminente de l'ivoire dans plusieurs pays et de la baisse anticipée des prix (...) et ont décidé de vendre dans la panique », a-t-il fait constater.

Le document relève, par ailleurs, qu'un nombre croissant d'éléphants sont illégalement tués dans les conflits en Afrique et meurent en raison de la diminution de leur espace vital provoquée par les activités humaines.

Nouvelles mesures européennes

Dans le même temps, à des milliers de kilomètres de l'Afrique, se joue un autre aspect de la lutte contre le braconnage des éléphants. En mai 2017, l’Union européenne, premier marché exportateur d'ivoires vers la Chine, avait adopté des directives pour durcir son commerce. Des efforts jugés encore insuffisants pour protéger efficacement les quatre cent mille derniers éléphants d'Afrique.

Aubin Banzouzi
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