Communément appelé « Molengué », le vin de raphia fait la fierté des consommateurs par ses vertus naturelles au port de la ville de Ouesso, chef-lieu du département de la Sangha.
La vente de la denrée locale s’exerçait dans les années antérieures sous le manguier en face de la résidence du préfet de la ville. Aujourd’hui l’activité se pratique au marché du port de l’ancienne société hydro-Congo, ex-Trécho et Duclerc.
Chaque matin, les voix des consommateurs du vin de raphia se mêlent avec celles des marchands des vivres et autres produits divers en provenance des villages et campement environnants.
Sous l’ombre des arbres verdoyants de la forêt équatoriale, l’on voit les hommes installés sur des bancs échangés sur des sujets divers d’un côté. Ils manifestent leur joie par le rire, des cris en attirant l’attention des visiteurs de ce port.
De l’autre, l’on aperçoit également les hommes, jeunes ainsi que les femmes de tout âge confondu en face des vendeurs pousser leur curiosité pour découvrir ce vin naturel de raphia.
Des bouteilles, gobelets et bidons en mains, les clients s’approvisionnent sans condition de la boisson en provenance des forêts humides de la rivière sangha.
Le vin est vendu en majorité par des récolteurs eux même après un long trajet par pirogue. Il est issu de la sève des palmiers après l’extraction qui se fait après plusieurs heures. De couleur blanche qui peut se confondre à une tasse de lait de loin, cette boisson présente une odeur particulière.
Le vin est très plaisant, sucré et moins alcoolisé. Il tire son originalité grâce à l’absence des produits chimiques. Toutefois, son goût sucré change progressivement après la fermentation en fonction du temps selon la levée ou le coucher du soleil.
Très différent du vin de palme consommé également à Ouesso appélé « mbolo », la boisson de raphia comprend des vertus naturelles et un apport nutritif supplémentaire en vitamines.
La denrée ne se consomme pas avec des écorces ou des mélanges quelconques. La vente en détaille se fait à un prix abordable à raison de 300 francs CFA le gobelet et 500 francs le litre.
La quantité de récolte varie selon les périodes. C’est une boisson également utilisée lors des réceptions, rituelles, palabres, des cérémonies de mariage, de deuil et bien d’autres.
Pendant les cérémonies de mariages, le vin parait pour certains comme une recommandation afin de garder la culture ancestrale. Et, pour d’autres de donner une harmonie dans le foyer après le mariage.
Interrogé sur le processus d’extraction et sur sa particularité dans la consommation, Hilaire Paulin, un récolteur également vendeur ainsi que le consommateur, Innocent Niamba ont vanté le mérite de cette boisson.
Hilaire Paulin originaire de la République Démocratique du Congo est installé à Ouesso depuis quelques années. Selon lui, c’est une fierté de vendre le produit naturel à cette population de la Sangha.
Il est un habitué de la récolte de cette denrée locale depuis son bas âge. Initié par son père, Hilaire Paulin nourrit sa petite famille à travers ce commerce de vin. Sa satisfaction est immense surtout en période de chaleur où la quantité recueillie est énorme. « Le rendement est en baisse pendant le froid. Je ne me fatigue pas à cause de la quantité parce qu’en toute chose il y a des hauts et des bas. La boisson est brute avec une fermente naturelle et moins cher à l’opposé d’autres boissons qui subissent une influence extérieure. Elle contient des valeurs nutritives pour l’organisme et un faible pourcentage d’alcool », a-t-il indiqué.
En ce qui concerne les difficultés auxquelles sont confrontés les récolteurs explique-t-il, les cueilleurs de vin subissent la tâche quotidienne de se lever très tôt aux environs de 3 heures du matin, la distance entre la ville et le lieu de la récolte, le risque d’être en contact permanent de la nature et bien d’autres.
Il a déploré le manque d’initiative des récolteurs de vin de raphia d’être en coopérative. Selon lui, chacun fait confiance à sa force musculaire pour écouler son produit.
Hilaire Paulin a invité tous ceux qui aimerait pratiquer la récolte du vin de raphia de le rejoindre afin d’arroser la ville de Ouesso. « C’est un vin qui pousse à la curiosité des non africains. Il témoigne aussi l’attachement des bantous à la tradition africaine qu’ils ne doivent en aucun cas perdre », a-t-il dit.
De son côté, Yvon Niamba, consommateur de ce vin et natif du département, apprécie ce vin local en provenance de la haute Sangha à Ouesso, vers Bomassa ainsi que sur la route Sembé-Souanké.
La boisson vin renferme des vertus essentielles utiles pour le corps humain explique-il. Elle est douce, moins alcoolisé et ne coûte pas trop cher. Elle ne cause pas assez du tort aux consommateurs car il est très rare de voir dans un lieu de vente de ce vin des personnes sous.
A cet effet, poursuit Innocent Niamba le vin peut perdre son goût sucré après une journée. La perte de ce goût pousse les récolteurs à faire la part de chose avec du vin moins fort destiné aux femmes et plus fort aux hommes.
Selon lui, aucun effet négatif a été constaté pour son organisme. En dépit de l’augmentation du taux d’urine après la prise de cette boisson qui d’après lui favorise la diminution de l’hypertension.
La jeune fille, Richarline Akongo, venue passé ses trois mois de vacance dans cette ville a indiqué que c’est pour la première fois qu’elle a goûté ce vin. « Je viens d’acheter un litre après avoir goûté chez une vendeuse qui m’a confirmé le bon goût de ce vin. J’ai apprécié puis j’ai acheté pour le prendre au frais à la maison comme m’a conseillé cette maman. Ce vin est naturel et d’après les conseils de ceux qui ont étudié le corps humain tout ce qui est naturel possède des vertus importantes pour l’organisme », a-t-elle déclaré.