L’espace culturel Tabawa situé dans le deuxième arrondissement de Brazzaville, à Bacongo, a été créé par Saturnin Samba, cinéaste et designer. Rentré de Burkina Faso, il y a quelques années, il l’a ouvert grâce à l’expérience acquise là-bas dans le domaine du cinéma qu’il souhaite partager avec les amis de la culture.
En ouvrant cet espace, l’initiateur offre aux jeunes l’occasion de se cultiver à travers le bouquin, le théâtre, la danse et le conte. «A Brazzaville, il n’y a pas d’espaces culturels privés. Par contre au Burkina Faso, il y en a dans les quartiers», a indiqué Saturnin Samba. Au départ, il était prévu la construction d’une bibliothèque avec des extensions d’ateliers de danse, de conte et la projection des films. Pour équiper sa bibliothèque, il a ramené du pays des hommes intègres plus d’une centaine de livres (romans, dessins animé, etc). Malheureusement, il n’a pas pu l’ouvrir comme il le voulait à cause de la réalité du pays.
Cela ne l’a pas, pour autant, découragé malgré le cadre réduit dans lequel elle est implantée. Car les espaces culturels le Congo en aura toujours besoin. Il y avait autrefois le Cfrad, Sony-Labou-Tansi et Luna Park. Aujourd’hui par manque d’entretien, le Cfrad est en train de s’écrouler à cause des érosions. Devant cet écroulement, l’État reste impassible. À Sony Labou Tansi, c’est un défilé de Kermesses qui sont organisées le long de l’année et le placement de quelques bureaux du ministère de la Culture et des Arts empêchent ainsi les artistes de répéter librement. Ils sont chassés à cause du bruit causé par le battement des tam-tams. «Vous réalisez comment les gens s’ennuient par le manque de culture. Alors que le développement d’un pays passe par la lecture des livres et ouvrages. En Europe, il y avait quelque chose qui m’avait marqué : le silence dans les bus. Ce silence est imposé par la lecture. Ici, dans les bus c’est la musique. Ça veut dire qu’il y a un problème», a-t-il déclaré.
C’est dans le souci de remplir ce vide que Saturnin Samba vient de faire un premier pas en ouvrant cette bibliothèque modeste et privée dans son quartier. Ce n’est pas pour suppléer l’État qu’il le fait mais c’est plutôt pour que les enfants et les jeunes, qui n’ont pas la possibilité de se rendre à l’IFC, se ressourcent à l’espace Tabawa. Il y est organisé des débats autour de ce que ces jeunes lisent. Cette situation réjouit le propriétaire du centre qui, cependant, s’étonne de ce que les filles prennent le dessus sur les garçons dans la lecture.
La difficulté, c’est qu’il a du mal à s’acheter les livres des auteurs africains à cause de leur coût très élevé. Tandis que les ouvrages des auteurs européens sont à un prix abordable. L’environnement étant favorable à la lecture, les parents se félicitent de la présence d’un espace culturel pouvant occuper les enfants après leur retour de l’école et pendant les week-ends. Ils ont une multitude d’ouvrages pour la lecture et toute une panoplie d’activités culturelles. Le projet étant grand, le propriétaire sollicite à l’IFC l’organisation de certains spectacles à l’espace culturel Tabawa.
«Au Burkina Faso, il y a des espaces culturels partout. Au Congo, il y a des gens qui n’ont jamais vu jouer une pièce de théâtre. Il y a un problème. Dans des maisons de certaines élites intellectuelles, il n’y a même pas de bibliothèques», a-t-il fait savoir. L’idéal à l’ouverture de l’espace culturel Tabawa est de faire que la culture devienne une vie chez des citoyens brazzavillois à l’instar des Burkinabès pour qui cela est devenu leur quotidien.