Michel Gayido emballe le lecteur dans son imaginaire poétique à travers quarante-quatre textes en vers libre. "Du tréfonds de la forêt", publié à L’Harmattan est un SOS écologique contre les antivaleurs en vogue.
« Chaque grand poète intègre le monde d’une façon qui n’est qu’à lui », disait Pierre Emmanuel. Comme le poète rwandais Jean-Baptiste Mutabaruka, qui rappelle une certaine communion avec son terroir dans Les Feuilles de mai, Michel Gayido, lui aussi s’inspire des réalités de son milieu marqué par le bassin du Congo pour faire une sorte de plaidoirie pour la sauvegarde des valeurs qui fondent la vie. « Ode que les hommes chantent sous les bois/ (…) Ode de la vertu et du maintien des mœurs », lit-on dans le poème inaugural.
Le poète laisse transparaître à travers sa plume quelques aspects typiques de la littérature orale. Sa sonnette d’alarme plein de lyrisme et d’originalité s’étend de son Congo natal jusqu’à l’Afrique entière. Sa vision contraste quelquefois entre la vie paisible à l’état de nature et les incidences funestes des progrès techniques. Exaltant les éléments naturels comme le soleil, la lune et les étoiles, la rivière, les fleuves Congo et Ogoué, la forêt et les fleurs des savanes…
Il consacre tantôt quelques chants épiques pour louer la bravoure des pêcheurs sur le puissant fleuve Congo, tantôt pour valoriser les danses traditionnelles Likembé, Nkita et Ndzobi, œuvres appartenant au patrimoine culturel de son pays.
Michel Gayido ne se démarque nullement de sa vocation de pédagogue. Il jette un regard sur le mois de juin qui départage à travers le monde les mauvais et les habiles apprenants. Chacun récoltant ce qu’il aurait semé.
Plus actuel, le phénomène d’enfants de la rue et du ravage moral des proxénètes qui se cachent à travers la vulgarisation des caves et VIP ne laisse pas le poète impassible. Mais loin de se livrer fatalement à l’amertume, il propose le support de la foi chrétienne comme remède. « À tous les espoirs déçus, écrit-il, Christ est le sauveur de l’humanité. » (P. 59).
D’autres thématiques à la une sont évoquées dans ce recueil. L’immigration clandestine, le sida, les armes à destruction massive, les pollutions de tout genre. Mais aussi un flash-back est fait avec beaucoup de nostalgie pour immortaliser de grandes figures africaines comme Chaka, Soundjata Keita, Samory, Chimpa Vita, Sony Labou Tansi et Tchikaya U Tam’si. Né en 1964 à Zanaga en République du Congo, Michel Gayido est détenteur d’un DEA et d’un certificat d’aptitude professionnelle de l’enseignement aux lycées, option français. Il professe au lycée Thomas Sankara.