Signé il y a une année, le 23 décembre 2017 à Kinkala, chef-lieu du département du Pool, l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités a accouché des résultats positifs.
La Commission ad hoc mixte paritaire (Camp), mise en place à l’issue de l'accord de Kinkala et présidée par le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Séraphin Ondelé, se dit satisfaite de l’exécution des dispositions de cet engagement commun. Premier acte marquant, la sortie, le 21 août 2018, de l’ex- rebelle Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntoumi, au village Miheté, dans le district de Vindza, après deux ans de réclusion volontaire. Il avait déclaré, ce jour-là, qu’il était disposé à accompagner le gouvernement dans la lancinante et laborieuse opération de restauration de la paix et de la sécurité dans le Pool.
Cependant, Ntoumi n’avait pas manqué de présenter au président de la Camp quelques doléances, notamment son lieu de résidence, étant donné que tous ses appartements ont été détruits du fait de la guerre. « Je n’ai pas de maison. Mes domaines ont été détruits. J’ai des enfants qui vont à l’école et qui ont besoin de vivre dans les conditions décentes. Je sollicite que l’Etat reconstruise mes habitations », indiquait-il.
C’est peut-être pour cette raison et pour tant d’autres que l’ancien rebelle n’a pas encore choisi sa ville de résidence. Il y a trois semaines, le président de la Camp évoquait, au cours d’une interview dans la presse nationale, que le pasteur Ntoumi devrait avoir, dans les tout prochains jours, une rencontre avec le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, pour échanger, entre autres, sur la question du choix de sa ville de résidence et de bien d’autres sujets.
Le deuxième acte de ce processus de pacification du Pool a été l’opération de ramassage des armes auprès des ex-combattants et de la population. Après plusieurs reports pour des raisons logistiques et autres, elle a été finalement amorcée. A l’issue de celle-ci, près de huit mille sept armes de tout calibre, explosifs et munitions, ont été collectés.
Depuis, la quiétude est revenue dans toutes les localités du Pool. Des éléments de la force publique stationnés dans des points stratégiques ont été retirés, ainsi que des barrières de sécurité placées sur les voies publiques. Le trafic ferroviaire a repris, le 28 novembre, entre Pointe-Noire et Brazzaville, après deux ans d’interruption ; au grand bonheur de la population tant le Chemin de fer Congo-Océan est l’épine dorsale de l’économie congolaise.
Le DDR, un facteur de pacification
Dans le même cadre des retombées positives de cet accord, le gouvernement, en partenariat avec les agences du système des Nations unies, a lancé, le 8 septembre, le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des ex-combattants et de la population. C’est l’une des étapes importantes du processus de restauration de la paix et de la sécurité après les conflits armés dans tous les pays. Le DDR est financé par le Fonds de consolidation de la paix à plus de huit milliards FCFA. « Afin d’atteindre les résultats escomptés du projet que nous venons de lancer, dans un environnement socio-sécuritaire encore fragile, il est important que chacun de nous y mette du sien. Les activités de réalisation vont demander une très forte sensibilisation et mobilisation de tous les acteurs-clés engagés dans le processus, à travers une dynamique de sécurisation communautaire impulsée par le gouvernement en étroite collaboration avec les partenaires au développement », déclarait, le 8 septembre dernier, le représentant résident du Programme des Nations unies (Pnud) au Congo, Anthony Ohemeng–Boamah, lors de la cérémonie du lancement du DDR.
En effet, trois mois après le démarrage des activités du DDR, est intervenue, le 18 décembre, l’opération de mise en place des plates-formes des dialogues intracommunautaires devant conduire, à terme, à l’installation des comités locaux de dialogue dans les treize districts que compte le département du Pool. Cet acte et tant d’autres participent de la consolidation du processus de restauration de la paix et de la sécurité dans cette partie du pays.
Il importe de noter que les comités locaux de dialogue, comme l’avait indiqué la représentante adjointe du Pnud au Congo, Emma Ngouan-Anoh, seront des organes d’éveil pour éviter que le Pool ne retombe dans les errements du passé. A noter que si la paix est perturbée dans cette partie du pays, le gouvernement et les partenaires au développement auront désormais un cadre formel de dialogue avec les acteurs concernés pour une solution négociée et pacifique.
C’est le travail auquel s’attellent actuellement le gouvernement et ses partenaires. A la cérémonie d’installation de ces plates-formes de dialogue intracommunautaire, le Haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, Euloge Landry Kolelas, définissant leur philosophie, déclarait : « Ces structures ont pour mission essentielle de contribuer à détendre l’atmosphère sociale au sein de la population et à créer les prédispositions psychologiques et morales d’acceptation et d’implication de toutes les parties prenantes au DDR ». Et d’ajouter : « Les plates-formes de dialogue intracommunautaire sont apolitiques et ne sont affiliées à aucun syndicat ni à aucune religion ». L’atmosphère détendue constatée dans le Pool ainsi que la reprise progressive des activités économiques sont des véritables motifs d’espoir pour les Congolais, en général, et la populations du département, en particulier. Ainsi, il est souhaitable d’exorciser les mauvais démons afin que l’ombre de leurs silhouettes noires n’obstrue pas la lumière qui se répand progressivement sur les treize districts que compte cette entité administrative.