Alternance politique : Joseph Kabila passe le témoin à Félix Tshisekedi

Jeudi, Janvier 24, 2019 - 16:45

Journée historique que celle de ce jeudi 24 janvier qui a vu la RDC écrire une nouvelle page de son histoire à travers la passation civilisée de pouvoir entre Joseph Kabila, le président de la République sortant, et Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo porté à la magistra+ture suprême à la faveur des élections du 30 décembre 2018.

L’événement a eu lieu au Palais de la nation en présence d’une assistance multiforme constituée des officiels, des ambassadeurs et membres du corps diplomatique, des représentants des organisations internationales, et autres invités de marque sans parler de ces innombrables compatriotes ayant effectué le déplacement de ce site historique. La cérémonie, très sobre dans son agencement, s’était essentiellement articulée autour de l’audience publique et solennelle de la Cour constitutionnelle qui a reçu la prestation de serment du nouveau président élu conformément à l’article 64 de la Constitution. Il s’en est suivi la remise par Joseph Kabila à son successeur, des symboles de la République (la Constitution, l’étendard et autres armoiries) pour sceller véritablement la transmission du pouvoir. Un moment d’intense émotion négociée sous des applaudissements nourris d’une foule en liesse.

L’autre temps fort de cette journée mémorable fut marqué par le discours d’investiture du président Félix-Antoine Tshisekedi. Ce dernier a, dans son allocution, déclaré œuvrer pour l’émergence d’un Congo uni, tranchant nettement avec l’esprit de division et de tribalisme, « un Congo pour tous dans lequel chacun pourra mériter sa place ». Il a qualifié son avènement à la tête du pays comme l’aboutissement du combat pour le mieux-être et a exprimé toute sa reconnaissance au peuple congolais pour son soutien indispensable. Félix Tshisekedi a pris l’engagement de se conformer aux obligations constitutionnelles que lui confère la Constitution tout en militant pour l’instauration d’un Etat de droit. Il a également prôné la solidarité nationale, la cohabitation pacifique entre les différentes communautés et le dialogue, loin de toute discrimination ethnique et sociale. Il a garanti aux congolais le respect de l’exercice de leurs droits fondamentaux. Il s’est également engagé à promouvoir la parité Homme-Femme.

Se voulant rassembleur, le nouveau président élu a, de nouveau, tendue la main à ses challengers directs à la présidentielle du 30 décembre avec un clin d’œil au passage à Martin Fayulu dont il a salué l’engagement politique. « C’est ici l’occasion d’exprimer notre profond respect à notre frère Martin Fayulu avec lequel nous avons mené ce combat politique depuis plusieurs années. L’engagement de ce véritable soldat du peuple, est un exemple pour la vitalité de notre démocratie et la responsabilité civique de chaque congolais », a-t-il déclaré. Mais aussi à Emmanuel Ramazani Shadari et d’autres avec lesquels il espère asseoir une gouvernance commune du pays.

Il a aussi mis une emphase particulière sur la réconciliation nationale. Là-dessus, le président de la République a indiqué qu’il mettra en place une procédure d’écoute et de dialogue des doléances des forces vives de la nation afin de cimenter la cohésion nationale. Il a promis un recensement général de la population afin  d’avoir des informations démographiques fiables susceptibles de permettre une planification du développement du pays. Il a, par ailleurs, promis une stratégie de lutte contre la corruption et la délinquance fiscale afin de valoriser l’Etat de droit.

Il n’a pas manqué de féliciter Joseph Kabila, l’homme par qui cette alternance politique au sommet de l’Etat avait été rendue possible. « Nous avons été votre fervent adversaire politique, monsieur le président. Nous n’oublions rien de nos combats politiques, les moments difficiles traversés. Nous avons connu au cours des décennies des périodes d’incertitudes et de nouvelles tensions dans un climat politique non apaisé. Dans votre exercice du pouvoir, vous avez pu engager le pays dans une transition qui avait abouti à la réunification du territoire national alors divisé. Mais, à aucun de ces moments, la peur a terré votre détermination à permettre au peuple congolais de se choisir librement ses dirigeants. Votre action s’inscrit ici dans le détail de vos prédécesseurs et autres dirigeants historiques », a-t-il déclaré.  

A noter que le président kenyan Uhuru Kenyata est le seul chef de l’Etat ayant fait le déplacement de Kinshasa pour participer à cette cérémonie d’investiture, les autres Chefs d’Etats invités ayant préféré se faire représenter.  Autre fait marquant, c’est le malaise qu’avait connu Félix Antoine Tshisekedi alors qu’il s’adressait pour la première fois à la nation en tant que Chef de l'Etat. Ce qui a contraint la RTNC à rompre la retransmission en direct avant de la reprendre quelques minutes après, après que le président élu ait retrouvé ses esprits.  

À 55 ans, Félix Tshisekedi devient officiellement le 5ème président de l’histoire de la République Démocratique du Congo. Il remplace ainsi Joseph Kabila Kabange qui a dirigé le pays pendant 18 ans.

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Félix Tshisekedi et Joseph Kabila
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