Le 24 janvier, il est 18h 02 mn à Brazzaville lorsqu’un groupe d'élèves sort d’un débit de boisson communément appelé « cave » dans le jargon populaire.
Sourire aux lèvres, sac au dos, les jeunes filles vêtues de bleu et les garçons de kaki esquissent leurs derniers pas de danse, à l’image d’un orchestre qui termine sa prestation. Dans l’indifférence, ils empruntent peut-être le chemin du retour au domicile familial ou d’un after (une pour la route).
Face à de tels agissements, on se demande ce que font les parents, les ministères de la Jeunesse et de l’Éducation ainsi que les forces de l’ordre pour stopper ces agissements. À première vue, quand une certaine opinion est interrogée sur ce comportement blâmable des adolescents, elle regrette le beau vieux temps où les agents de l’ordre veillaient à la fermeture des buvettes ou bars qui se hasardaient à recevoir des élèves et des jeunes qui n’avaient pas encore atteint la majorité. « C’est au vu et au su de tous que ces élèves se permettent ce genre de liberté. Aujourd’hui, les agents de l’ordre ne se préoccupent plus que de soudoyer les chauffeurs de bus et taxi, ils ne peuvent même pas interpeller le propriétaire de ce lieu afin qu’il en tire une leçon», a déploré un passant qui a requis l’anonymat.
La capacité des jeunes à faire de bons choix semble être entravée par le manque de repères auquel ils sont confrontés. « Je pense que ces élèves n’ont pas encore pris conscience des maux que cela peut entraîner dans leur scolarité maintenant ou quelques années plus tard. Ils manquent d’ambition et demandent à être sensibilisés. Les parents ont une grande responsabilité dans la réussite de leurs enfants. Cette responsabilité se situe au niveau de l’éducation familiale, du suivi au quotidien de leur scolarité. Une communication doit s'instaurer avec eux afin de mieux les orienter », a estimé Félicia Nguie, une jeune étudiante.
Sur la liste des élèves qui se retrouvent pendant ou après les heures de cours dans les débits de boisson, il est à ajouter ceux qui fument quelquefois du chanvre à quelques heures des cours et ceux qui perturbent les enseignements par des affrontements à l’arme blanche. Jeunes et délinquants, en rupture avec la famille et la société, ils multiplient et cumulent les délits, qui entraînent la mort des innocents citoyens. Avec ce comportement, la jeunesse peut constituer une proie facile pour les recruteurs des groupes terroristes qui pullulent dans les pays voisins.
Il est donc temps que les autorités posent des actes concrets, autres que des discours, en vue de sauver cette jeunesse congolaise de la dérive. Un nouveau projet de société est à refonder collectivement. Les moyens à y consacrer ne doivent pas être considérés comme une variable d'ajustement budgétaire mais comme un investissement pour la cohésion sociale et pour un avenir plus juste. « Le sens de la responsabilité est une culture que l’on doit adopter pour mieux assurer notre avenir. Ce genre de comportement ouvre grandement la porte à l’irresponsabilité », a signifié Chardon Ngolo, un jeune interrogé à ce propos.