Cette ASBL a ainsi négativement réagi à l’article d’opinion de Mo Ibrahim et Alan Doss publié dans le journal Le monde du 1er février 2019.
Dans le bulletin électronique de l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) du 3 février, cet institut a noté les préoccupations des chercheurs de son Projet d’application des droits civils et politiques (PAD-CIPO) face à « l’impact négatif des campagnes politiques sur la paix, la sécurité et la cohésion nationale de la RDC ». Ils désapprouvent, a souligné cette Asbl, l’entreprise des groupes internationaux de lobbying qui s’acharnent à se servir des faux résultats du scrutin présidentiel abusivement attribués à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco), pour pousser à la négation de l’élection dans le pays. « Comme conséquence, le peuple congolais est écartelé et en appelle au massacre », dénonce l’IRDH.
L’IRDH regrette également qu’à l’issue de l’adresse populaire de la Coalition Lamuka du samedi 02 février 2019, à Kinshasa, des militants politiques, se soient mis à scander : « Bomaye ! Boma ye ! Muluba eee ! » (Ce qui veut dire massacrer le Muluba, présumé proche ou membre du groupe ethnique du Président Tshisekedi). Cet institut note aussi que l’orateur du jour a considéré le Président Félix Tshisekedi comme voleur de sa victoire et a aiguillé ses partisans par l’analogie du « soutien de l’opinion publique internationale » à l’auto-proclamation du Président de l’Assemblée nationale du Venezuela qui appelle le peuple au renversement du Président Maduro.
Les chercheurs de l’IRDH, qui disent condamner les appels au massacre des Balubas, considèrent cette mobilisation comme la conséquence logique d’une campagne conçue, soutenue et distillée dans la presse internationale par des bureaux de lobbying.
La Cénco n’a jamais ni compilé ni publié des résultats
Se référant sur l’article de Mo Ibrahim et Alan Doss publié dans le journal Le Monde, intitulé : « Le résultat de la présidentielle en RDC est une défaite pour la démocratie », les chercheurs de l’IRDH, qui affirment avoir travaillé sur le présent article avec des membres du Comité laïc de coordination (CLC) de Lubumbashi, estiment que les allégations contenues dans ledit article ne sont ni vraies ni vérifiables.
Pour eux, la Cénco n’a jamais ni compilé ni publié des résultats de la présidentielle qui n’existent ni sur son site internet, ni à travers ses lettres pastorales. « Aucune paroisse de l’Eglise Catholique ne détient un tel document attribué abusivement à ses évêques. Par contre, il est vrai que sur base des rapports partiaux d’au moins 17 mille observateurs accrédités, la Cénco s’était constituée une opinion et une projection des résultats limités aux données ainsi collectées », ont souligné les chercheurs de l’IRDH.
Une Céni non crédible et non indépendante
L’IRDH, dans son bulletin et citant ses chercheurs rappelle que Mo Iibrahim et Alan Doss savaient que la Centrale électorale congolaise n’a jamais été ni crédible ni indépendante. L’IRDH et d’autres membres de la société civile, note l’Asbl, ont dénoncé un processus électoral chaotique, truffé d’irrégularités avant, pendant et après le scrutin du 30 décembre 2018. Pour cet institut, il serait donc absurde de faire croire au monde que la Céni, qui a produit des faux résultats octroyant la majorité absolue de l’Assemblée nationale et des Assemblées provinciales aux partis membres du Front commun pour le Congo (FCC) du Président Kabila, avait organisé des élections crédibles dont il faut réclamer la « vérité des urnes » du scrutin présidentiel. « Comment, même des médias internationaux pensent faire croire aux africains que d’un faux processus, complètement opaque, volontairement tronqué par un pouvoir finissant, on obtiendrait des vrais résultats ? », se demande l’IRDH.
L’IRDH note également que Martin Fayulu, sa coalition Lamuka ainsi que tous les autres candidats s’étaient engagés à suivre, avec élégance, et ils ont suivi, toutes les étapes du processus électoral, bien que décrié, dont le dépôt de candidature, la campagne électorale, la proclamation des résultats provisoires, la soumission des contestations électorales à la Cour constitutionnelle et la proclamation des résultats définitifs. Pour cet institut, c’était ici le lieu de rappeler que les Arrêts de la Cour constitutionnelle à laquelle Martin Fayulu s’était soumis, sont définitifs et ne sont pas susceptibles d’appel. « La logique de la démarche exige qu’il en tire les conséquences qui s’imposent », insiste l’IRDH.
Mais, au-delà des faits non vérifiables allégués par Mo Ibrahim et Alan Doss, les chercheurs de l’IRDH disent désapprouver le ton menaçant, le schéma préconçu vers une « transition politique crédible » et le fait même que le journal Le Monde ait publié une menace de guerre que les deux diplomates attribuent au peuple congolais. Ils disent également désapprouver l’usage des institutions de promotion des droits humains, la démocratie et l’Etat de droit à travers le monde, aux fins de menacer des animateurs d’institutions politiques établis à l’épuisement de toutes les étapes du processus électoral suivi par tous les acteurs politiques, conformément à la Constitution de leur pays et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ; attribuer abusivement aux partenaires de la société civile congolaise, des arguments non vérifiables ; substituer l’opinion du peuple congolais par vos vues personnelles et projections de vos deux fondations sur l’Afrique, et ; tracer une voie à suivre par le peuple congolais, dans la gestion de leur Etat souverain.
Se disant d’avis que le peuple congolais aspirait à vivre normalement, dans la paix et la sécurité, les chercheurs de l’IRDH invitent ces deux personnalités à se distancer de toute forme d’appel au recrutement des milices et ne pas attiser le feu, dans un pays ou la cohésion nationale est très fragile. « La primauté de la recherche des solutions politiques à la gestion de la RDC devrait être laissée aux congolais eux-mêmes », se convainquent ces scientifiques. Ils invitent ainsi les Fondation Mo Iibrahim et Koffi Annan à soutenir le peuple congolais qui veut renforcer ses institutions politiques et se libérer des individus accusés notamment d’être commanditaires de la répression violente, auteurs des massacres des militants pro-démocratie, instructeurs des coupures intempestives de l’accès à l’Internet, auteurs des arrestations et détentions arbitraires des dirigeants de l’opposition ; meneurs du refus de l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre demandant la décrispation politique, auteurs des pillages des ressources du pays, et fournisseurs d’armes aux multiples milices qui gangrènent le pays.