Kinshasa : arrêt de travail dans les magasins tenus par les indo-pakistanais

Lundi, Mars 11, 2019 - 14:30

En grève depuis quelques jours, les travailleurs prestant dans les magasins des indiens et autres asiatiques au centre ville, réclament l'augmentation de leur salaire et l'amélioration de leurs conditions de travail. Ils l’ont exprimé ce lundi 11 mars à travers une marche improvisée avec, pour point de chute, l‘Hôtel de ville de Kinshasa.

Une forte agitation a été observée ce lundi 11 mars, dans la matinée, aux alentours de l’avenue du commerce, à Kinshasa, où des travailleurs œuvrant dans les échoppes tenus par les expatriés indiens, chinois et libanais ont pris d’assaut l’Hôtel de ville. Ils étaient des centaines à manifester devant le siège de l’Exécutif provincial munis des rameaux, scandant des slogans hostiles à l‘endroit de leurs employeurs expatriés qu’ils considèrent comme la source de leurs malheurs. Leurs principales revendications touchent, pour l’essentiel, à l'amélioration de leurs conditions de travail et à l'augmentation de leur salaire.

En grève depuis quelques jours déjà, le personnel œuvrant dans les magasins tenus par ces expatriés ont tenu à manifester publiquement leur ras-le bol quant à la manière dont ils sont gérés par leurs employeurs, sans considération ni respect à leur égard. Pour les manifestants, leurs salaires devront dorénavant être alignés sur le nouveau taux du SMIG (Salaire Minimum Inter Garanti) conformément à l'arrêté qui a été signé par le Premier ministre sortant. « Nous protestons pour réclamer notre droit, celui de l'application du SMIG. Pendant le règne du président Kabila, les lois n'étaient pas respectées. Cette fois, nous espérons qu'avec l'arrivée de Félix Tshisekedi, les choses vont changer. Donc, il faudrait qu'on respecte l'arrêté qui a été signé par le Premier ministre sortant, obligeant l'application de SMIG », a déclaré un des manifestants. Ces derniers en appellent à l‘implication du Chef de l’Etat dans la résolution de cette situation. « Le peuple d’abord », n’arrêtaient-ils de scander, comme pour rappeler au Chef de l’Etat son devoir de redevabilité envers le peuple en s’inspirant du crédo de son défunt père Etienne Tshisekedi.     

Il a fallu la descente de la police sur les lieux pour que le calme revienne aux alentours de l’Hôtel de ville. Entretemps, les magasins des libanais, pakistanais et indiens qui longent l’avenue du commerce sont restés fermés pendant de longues heures au grand dam de leur clientèle. Aucune scène particulière de violence n’a été signalée.  

Cette énième manifestation s’inscrit dans une dynamique de protestation enclenchée depuis le 25 février par l’intersyndical du secteur de commerce, moyennes et petites entreprises qui, dans un mémo adressé au Chef de l’Etat, avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Cette structure syndicale avait, entre autres, déploré la violation des textes légaux en matière du travail et globalement les conditions de travail: absence des contrats de travail, révocations sans motifs, injures à l’encontre des travailleurs, non prise en compte des heures supplémentaires et des jours fériés et le non-paiement des allocations familiales, des frais de transport et la prise en charge médicale.

A cela s’ajoute la maffia organisée qui s’opère dans le milieu de des expatriés de connivence avec les services de l‘Etat dans le but d’échapper au fisc. « Sous la complicité des services de l’Etat, les employeurs se sont arrangés pour minimiser les effectifs de leurs employés afin d’échapper à l’impôt et aux différentes taxes et redevances », peut-on lire dans le mémo.

Notons que cette manifestation fait suite à une série de grèves observées dernièrement dans les institutions étatiques comme dans certaines entreprises privées où les membres du personnel ont notamment évoqué les mêmes revendications, à savoir, augmentation des salaires et amélioration des conditions de travail.

Alain Diasso
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