« Beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont, comme de commentaires ont secoué les rues du pays. Comme aussi, par ailleurs, des félicitations en quantité que des diatribes ont inondé la toile. Chacun comme tous, et tous comme chacun, d’un bon comme de mauvais œil, ont vu l’arrivée, diversement interprétée, de Kitenge Yesu aux côtés du président », lance, d’entrée de jeu, Kazadi, journaliste indépendant qui dit connaître, dans les détails près, le tout nouveau Haut représentant et envoyé spécial du président de la République.
Pour ce spécialiste en communication et membre du bureau politique de la Convention des Républicains (CR), plate-forme créée par l’actuel proche de Félix Tshisekedi, le choix porté sur Kitenge Yezu par le cinquième président de la République était parti du constat caractériel de l’homme. « Son agilité- ajoutée à son habilité politique - a compté dans le dévolu. Dont celui d’homme d’Etat, d’un homme parmi les plus craints du pays, comme l’a, comme si j’étais avec lui, affirmé un anonyme internaute qui l’a, sans doute, comme moi, côtoyé », a noté Kazadi, dans un entretien avec ses pairs de la presse.
De Kitenge Yezu, ce membre de l’AR dit « J’en sais un peu trop sur lui. Il ne quémande ni ne rampe pour sa survie politique. Il le disait lui-même, je m’en souviens, alors commissaire d’Etat à l’Information sous Mobutu ». Pour quiconque connaît Kitenge-qui passe à mes yeux pour l’objecteur de conscience, poursuit le journaliste indépendant, ce vengeur de Lumumba n’est pas né hier. Il s’est jeté, les annales faisant foi, dans l’arène à l’âge de quatorze ans, trait tiré sur le visage, pour venger, arme à la main, le héros national sous la bannière- si je ne me trompe pas- de Pierre Mulele. « Toute sa jeunesse, offerte dans la lutte, Kitenge se découvre sous Mobutu. Qu’il sert avant que Laurent-Désiré Kabila, porté par des armées étrangères, mette fin au régime », note Kazadi. Et d’ajouter : « A l’avènement de Joseph Kabila en 2001, en succession de son père assassiné, Kitenge, hier exilé politique, retourne par N’djili, accueilli par ceux qui l’ont vu s’en aller avec l’espoir de le revoir sur le sol de ses aïeux. Il met ses pieds à Kinshasa, scrute l’environnement politique et proclame son opposition au régime Kabila. Fait rare pour ceux qui, par le fleuve Zaïre ou par les airs, ont quitté précipitamment le pays ».
Consulté pour sa personnalité et ses qualités
L’orateur révèle que « des hauteurs de Binza, en patriarche, comme son compère Tshimbombo Mukuna, Kitenge Yezu est consulté, nuits et jours par les composants de la toute nouvelle faune politique ». « J’en étais et j’en suis témoin », rassure-t-il.
Environs 75 ans d’âge sur ses épaules, rappelle Kazadi, Kitenge Yesu s’oppose au nouveau régime de 2001 et crée, avec ceux qui ont en partage son idéologie politique, l’Opposition républicaine (OR). « Mais là-dedans, des taupes aussi. Qui trahissent et qui, à leur départ, emportent, comme la tortue porte sa carapace, la plate-forme qu’ils feignent d’en avoir été le géniteur. Alors qu’en réalité, les annales en indiquent le vrai père dont lui, Kitenge Yesu. Tous, sont allés à la mangeoire. Sauf le septuagénaire, constant et droit dans ses bottes, lance, avec moi et les autres, la Convention des républicains (CR). Plate-forme qui a montré ses capacités à absorber un important nombre de formations politiques », explique Kazadi.
Ressusciter le Rassemblement !
A l’agonie du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), au lendemain du décès du vénéré Etienne Tshisekedi, son initiateur, Kitenge Yesu, se souvient Kazadi, tente, face à l’histoire, de sauver les meubles. Mieux, de colmater les brèches. Il réunit, soutient l’orateur, les têtes pensantes du Rassemblement en voie de chavirer, jette ses forces et tente de sauver ce qui en reste. « En commençant par tailler bavette avec Félix Tshisekedi – qui reconnaît la personnalité et la sagesse du politicien -, puis Pierre Lumbi et bien d’autres têtes couronnées de ce regroupement politique que j’ai vus, de mes yeux, en réunion avec lui, au siège social de la CR, commune de Gombe. Tantôt ici, tantôt là-bas. Deux bureaux disponibles pour recevoir ses hôtes. Des heures du soir jusqu’aux petites heures du matin », s’est souvenu Kazadi, qui note que le maître des lieux s’en allait souvent bien tard, avait comme objectif de recoller les morceaux du rassemblement menacé, lui trouver une survie politique, restructurer sa configuration et le maintenir dans l’arène.
A en croire ce journaliste indépendant, au terme des nuits blanches, de son cerveau Kitenge Yesu sort sous le chapeau, une inédite et extraordinaire structure d’un rassemblement voulu new-look mais avec le même objectif : Félix Président politique, Pierre Lumbi président du comité des sages, en remplacement de Tshisekedi. « Lui-même Kitenge Yesu, humble mais très habile, oriente, en sous mains, les choses sans, pourtant, un titre précis, mais qu’on nommait patriarche », précise l’interlocuteur de la presse.