Cabinet du Président de la République : Félix Tshisekedi saisi du cas Roger Kibelisa

Mardi, Avril 9, 2019 - 16:45

Pour ces membres des mouvements citoyens et politiques congolais victimes de la répression politique qui a caractérisé les trois dernières années au pouvoir de Joseph Kabila, la nomination de cet ancien cadre de l’Agence nationale de renseignements (ANR) comme assistant principal du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, n’offre aucune garantie de changement dans ce secteur.

 

Dans une lettre publique adressée, le 9 avril 2019, au Président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et qui a été lue devant la presse dans une des salles du Centre de rééducation pour handicapés physiques, à Gombe, un collectif occasionnel composé des victimes de la répression politique qui a caractérisé les trois dernières années au pouvoir de Joseph Kabila, sollicite du Chef de l’Etat congolais, de rapporter l’Ordonnance présidentielle portant nomination de l’Assistant  principal de son Conseiller spécial en matière de sécurité, Roger Kibelisa. Selon ce groupe, ce dernier, précédemment chef du département de la sécurité intérieure à l’Agence nationale de renseignement (ANR), fut un des cerveaux de ce service reconnu dans la répression des Congolais et d’autres expatriés présents en RDC. « Sous l’anciens régime, M. Kibelisa a été, sur le plan intellectuel et opérationnel, la cheville ouvrière de la répression visant à faire taire toutes les voix qui s’opposaient à une prolongation du mandat du Président Joseph Kabila au-delà de la limite lui accordée par la Constitution en procédant à des arrestations arbitraires, des détentions au secret et des traitements inhumains et dégradants à l’endroit des dizaines d’activistes des droits de l’homme, des militants des mouvements citoyens et des opposants », a rappelé ce collectif dans ce document contenant une trentaine de signatures des personnes détenues au cachot 3Z et au quartier général de l’ANR, en marge de la répression politique entre 2015 et 2018.

Décrivant les conditions de leurs arrestations et de détention, ces victimes, qui ont également relevé des conséquences survenues à certaines d’entre elles à cause de ces conditions- allant jusqu’au décès, notent que l’actuel Conseiller principal du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité a été l’un des auteurs intellectuels de cette situation, sa présence aux côtés de Félix Tshisekedi n’augurait pas un changement dans le secteur de la sécurité par rapport à l’ancien régime.

Réaliser les promesses faites à la nation au monde entier

Dans ce document, ce collectif rappelle au Chef de l’Etat congolais ses promesses faites aux Etats-Unis, de déboulonner le système dictatorial de son prédécesseur. Mais, ces victimes de la répression politique qui a caractérisé les trois dernières années au pouvoir de Joseph Kabila pensent qu’il y a déjà certains couacs avec certaines nominations déjà réalisées par Félix Tshisekedi pendant ses quelques mois de règne à la tête du pays. « Il s’agit là d’une forte promesse que nous apprécions à sa juste valeur. Seulement, quelques éléments questionnent notre conscience citoyenne en ce qui concerne votre réelle volonté de rupture d’avec le système et les pratiques du précédent régime », font-elles remarquer. Comment associer à votre nouvelle administration, demandent-elles, des personnes sur qui pèsent clairement des allégations et sanctions internationales pour violations graves des droits humains ? Comment, poursuivent-elles, établir un Etat de droit et déboulonner un système avec, comme proches collaborateurs, les intelligences et les géniteurs de ce même système oppresseur et prédateur des droits et libertés fondamentaux ? « Dans un tel contexte, pourrions-nous espérer à une rupture qui nous mènera véritablement vers un Etat respectueux des valeurs démocratiques », ont-elles enfin demandé.

Faire appel aux compétences non impliquées aux violations des droits humains

Ce collectif affirme également avoir appris le départ de la tête de l’ANR de son Administrateur général, Kalev Mutond et son remplacement par son  adjoint, Inzun Kakiat. Cependant, si pour ce groupe, « le départ du désormais ex-Administrateur général, ayant fait de cette institution durant ces dernières années, une machine de répression politique », est une excellence nouvelle, son remplacement par « un cadre qui a fait partie du noyau du système de répression », n’offrait aucune garantie de changement dans ce secteur.

Rappelant que l’ANR disposait en son sein de plusieurs autres compétences, qui auraient sacrifié leur vie pour l’intérêt de la nation et qui ne seraient pas impliquées dans les violations des droits humains, ce collectif appelle le Chef de l’Etat à faire plutôt recours à ses services en vue de déceler ces dernières et de leur donner la responsabilité de conduire ce service. Ces « victimes », qui attendent du Chef de l’Etat de relever notamment Roger Kibelisa de ses fonctions, attendent aussi de Félix Tshisekedi de ne plus affecter des violateurs des droits humains à des postes de responsabilité. « Passer outre cette demande, nous renverrait au fait que nous ne pouvons espérer durant votre mandat, à une juste rupture avec l’ancien système qui a opprimé le peuple », ont-elles dit, promettant de se réserver le droit d’ester en justice ou de d’user de toutes les voies constitutionnelles, conventionnelles et légales contre celui qu’elles considèrent comme l’auteur intellectuel de leur oppression.

Lucien Dianzenza
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