VIH/sida : la prophylaxie préventive révolutionne la lutte contre la maladie

Jeudi, Avril 25, 2019 - 12:15

Depuis 2016, la prophylaxie préexposition (Prep) par voie orale a donné un tonus considérable dans le combat contre la pandémie. Celle-ci est utilisée particulièrement pour prévenir le traitement antirétroviral chez les personnes séronégatives (non-infectées), exposées aux risques de contamination par le VIH, afin d’en bloquer la propagation dans l’organisme. Focus sur ce traitement peu connu.

La prep s'adresse aux personnes qui n'ont pas le VIH et consiste à prendre un médicament, prescrit par un médecin, afin d'éviter la contamination. Une stratégie qui permettrait à chacun, selon les circonstances, de trouver un moyen de se prévenir de cette pandémie ravageuse depuis des décennies. En outre, cela voudrait dire qu’une personne séronégative peut prendre des médicaments antirétroviraux pour réduire son risque de contracter le virus.

La prep n’a pas vocation à se substituer aux autres méthodes de prévention qui ont fait et continue de faire leurs preuves (préservatif en latex, abstinence, dépistage régulier …). C’est un outil de plus pour un objectif zéro VIH d’ici à 2020.

Lorsqu’on est sous prep, les médicaments antirétroviraux s’infiltrent dans le système sanguin, dans les tissus génitaux et rectaux, et une fois installés, ils empêchent la contamination des cellules en bloquant sa réplication à un stade très précoce. Ce qui aide à prévenir l’infection.

Durant ces deux dernières années, son efficacité s’est avérée formellement indiscutable car prouvée par les essais cliniques et estimée entre 88 et 99% d’efficacité chez les personnes qui en prennent quatre à sept prises par semaine.

Il existe deux protocoles pour sa prise, bien que les schémas restent au choix de la personne exposée : soit une prise tous les jours à la même heure pour l’avoir en permanence dans le corps, soit une prise par intermittence et à la demande circonstancielle. Dans l’un ou l’autre cas, il faut en discuter au préalable avec le médecin pour une excellente correspondance aux besoins.

L’assiduité de la prise du traitement est fortement corrélative à l’efficacité de la prep, pour une meilleure prévention du VIH et pour la simple raison que son accès est possible dans toutes les zones des santé aptes pour un suivi des personnes vivant avec VIH.

A la question de savoir pourquoi donner des médicaments aux personnes en bonne santé, le Dr Jacques Sima, médecin du projet sante sans prix(PSSP), a expliqué que « l’utilisation des antirétroviraux en prévention n’est pas une nouvelle technique, car ils ont déjà été employés avec succès dans plusieurs cas dont la lutte contre le paludisme, la prévention de la transmission du VIH de mère à l’enfant, le traitement post exposition après exposition au VIH en cas de rupture de préservatif avec un partenaire dont on ignore le statut sérologique… ».  

Il a renchéri: « Malgré cette avancée significative à grande échelle pour le bien de plusieurs couches de la population mondiale, des idées  reçues et préconçues font un  barrage psychologique, culturel et religieux majeurs au près des autochtones nantis, telles que la prep favoriserait la contamination aux infections sexuellement transmissibles, qu’elle serait un médicament toxique, qu’ elle créerait des virus résistants ou encore qu’elle coûterait cher…. Et, par ailleurs, les gens préfèrent des diagnostics de guérisseurs et des charlatans ».

Didier, un jeune de 28 ans porteur du virus VIH /sida, nous a confié: « Si la prep existait il y a 5ans, je ne serai pas aujourd’hui atteint de cette maladie, je suis quand même content de cette avancée scientifique ».

Par contre, Joséphine, femme au foyer, pense que les gens n’auront plus peur de la maladie et iront s’exposer n’importe comment et que ceci favoriserait la frivolité.

Tout le monde est sujet à haut risque devant ce virus invisible pourtant existant et dangereux. Une raison majeure de bénéficier de la prep car cette stratégie présente un double avantage : se protéger et protéger les autres. Une approche autant plus acceptable qu’une prise en charge.

Karim Yunduka
Légendes et crédits photo : 
La prep, prophylaxie préventive révolutionnaire contre le VIH /sida
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