Il y a des moments où la musique transcende son époque pour toucher l’âme d’un peuple. Avec Bakolo mboka, Les Bantous de la capitale nous offrent un trésor : ils nous livrent un testament musical, un pont tendu entre les générations avec la grâce de ceux qui ont traversé soixante années sans jamais faillir.
« Les anciens du village » - voilà ce que signifie ce titre aux résonances profondes. Car c’est exactement ce qu’ils sont devenus, ces musiciens qui ont vu naître et grandir la rumba congolaise, qui l’ont portée à bout de bras depuis 1959. Leurs mains, aujourd’hui ridées par le temps, continuent de faire vibrer les cordes avec la même passion qu’à leurs débuts à Brazzaville.
Dans un paysage musical où l’éphémère règne en maître, où les tendances électro-urbaines captent tous les regards, Les Bantous résistent avec une élégance rare. Ils rappellent que l’authenticité n’est pas un frein à la modernité, mais sa plus belle expression. Leur répertoire original, de Bantous pachanga au poignant Comité Bantous, tisse un récit musical où chaque note porte la mémoire d’un continent.
L’intégration des jeunes musiciens aux côtés des vétérans révèle leur plus belle leçon : la transmission ne se décrète pas, elle se vit. Elle se murmure dans les arrangements soignés, se transmet dans le respect mutuel, s’épanouit dans l’harmonie des voix.
Bakolo mboka n’est pas un album nostalgique qui se complait dans le passé. C’est un acte de résistance culturelle, une déclaration d’amour à l’héritage congolais, un rappel que certaines racines sont si profondes qu’elles nourrissent encore les branches les plus hautes. Les Bantous nous prouvent qu’être ancien ne signifie pas être dépassé. Cela signifie être essentiel.