Flash-back : « Sur la braise » d’Henri Djombo, un roman de mœurs essentiel

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Dimanche, Août 17, 2014 - 21:30

Manifestant l’idéal de construire une société plus humaine, le roman Sur la braise du romancier congolais Henri Djombo donne raison à Marcel Proust pour qui « un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices ».

Dans cette prose qui s’étale sur 201 pages, écrite dans un langage accessible, s’interposent des tableaux réalistes et quelque peu pathétiques, reflets des chroniques de la société congolaise au-delà des apparences. Dans le roman, le Boniko est un État où dominent mille et une intrigues autour du personnage de Niamo. Joseph Niamo est un jeune cadre promu à la tête de la Conac, une grande entreprise de Bocaville, capitale du Boniko. Son sens professionnel et son intégrité butent contre les mauvaises pratiques de ses collaborateurs, cyniques et habitués à la facilité. Son intrépidité face aux antivaleurs suscite une haine gratuite de la part de ses détracteurs qui cherchent à empoisonner sa vie jusqu’à le faire démettre injustement de ses fonctions par son ministre de tutelle.

Après une traversée de désert, où Joseph Niamo expérimente avec sérénité conspiration, solitude, incompréhension et humiliation, il est en fin de compte réhabilité dans sa dignité par le président de la République qui le nomme ministre chargé de la gestion des entreprises publiques. Comme l'affirme Franklin Roosevelt, « les livres sont la lumière qui guide la civilisation ». Sur la braise, roman de mœurs très instructif, dénonce les vices de la société : jalousie, repli identitaire, violence gratuite, gabegie et plaisirs volages.

Ce condensé prosaïque adapté pédagogiquement au lectorat congolais se révèle ainsi comme un véritable procès contre les antivaleurs. Il est d’ailleurs l’objet de plusieurs adaptations théâtrales. Beaucoup d’enseignants, comme Mboumbou Ngoma, professeur de français dans un lycée, expriment l’idée de voir ce livre au programme de l’enseignement secondaire pour l’intérêt civique et littéraire qu’il incarne. Ce qui explique peut-être les nombreuses études ou mémoires sur ce roman aux départements des lettres de l’université Marien-Ngouabi.

Aubin Banzouzi