Né il y a 50 ans, grâce à l’avènement de la télévision au Congo, le cinéma congolais connaît aujourd’hui des moments difficiles. Pour Sébastien Kamba, premier réalisateur congolais et co-fondateur du festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), l’engagement des jeunes cinéastes à vouloir faire vivre le 7ème art est louable mais la participation active de l’État aurait un plus grand impact.
Les Dépêches de Brazzaville : Pourquoi le cinéma congolais a du mal à s’épanouir ?
Sébastien Kamba : C’est parce qu’il est mort sur le plan institutionnel. L’engagement et la volonté de la nouvelle génération ne peuvent rehausser le 7 ème art dans notre pays. Les cinéastes sont livrés à eux-mêmes, l’État n’octroie aucune aide à la production et les artistes sont obligés de se tourner vers des institutions étrangères ; c’est une honte. À cela s’ajoute le problème de la diffusion : nos films ne sont pas diffusés sur nos propres chaînes nationales et ne circulent pas régulièrement dans les festivals. Le manque de salles de cinéma est, lui aussi, un handicape majeur car sans salle, le public ne peut pas découvrir ce qui se fait sur place. Je me demande même ce que fait la direction cinématographique au ministère de la Culture. Depuis sa création, je ne vois aucune action concrète de sa part, et c’est vraiment déplorable.
L.D.B : Quelle appréciation faites vous du cinéma congolais 50 ans après ?
S.K : La situation du cinéma congolais est alarmante. L’État doit s’impliquer pour que le cinéma congolais ait une plus large visibilité à travers le monde. Qu’est ce qui fait aujourd’hui la force des États-Unis sur le plan culturel. N’est pas son cinéma ? Le cinéma contribue au développement économique d’un pays. Il y a des métiers qui permettent à ce secteur de faire vivre des familles entières et cela génère des bénéfices notables pour leur nation. C’est pour cela que j’insiste sur l’implication de l’État à soutenir ce secteur car ce n’est pas bon pour les cinéastes congolais de toujours tendre la main vers les institutions étrangères. L’État doit réagir et agir.