Tous les moyens sont bons pour survivre. C’est dans cet esprit que certains jeunes déscolarisés de Ouesso s’activent pour chercher un gagne pain en bravant les dangers de la Sangha, une rivière d'Afrique centrale, affluent du fleuve Congo en rive droite. Ils recueillent du sable sous l’eau pour le vendre.
Contrairement aux vendeurs de sable d’autres départements qui vont chercher du sable dans les montagnes, ceux de Ouesso profitent de la période d’étiage entre novembre et mars pour trouver du sable dans les eaux de la rivière Sangha. C’est des jeunes de 14 ans à 20 ans, voire plus, qui, avec des pirogues et munis de récipients en plastique troués comme des tamis, vont au milieu du fleuve Sangha recueillir du sable en exécutant des plongées acrobatiques jusqu’à deux ou cinq mètres de profondeur, ce malgré la noirceur des eaux et l’irruption possible de serpents aquatiques ou des crocodiles.
Quand il s’agit des plongées de 5 mètres pour chercher du gravier, un long bambou sert de support ou de repère pour ne pas se perdre dans les eaux. « Nous sommes là chaque jour, du matin au soir, affirme Cliff Potési, un jeune de 23 ans. C’est notre principale activité de survie pendant la saison sèche. Nous vendons six m3 de sable ordinaire à 25000 francs et une brouette de sable à 1000 francs Cfa. Quant au gravier, la brouette est à 3000 FCFA et six m3 coûte 90000 FCFA.»
Ils sont tous jeunes, plus nombreux que les pêcheurs, occupant les bords de la Sangha, avec un air jovial et innocent. Ils vont et reviennent avec des pirogues remplis à moitié de sable ou de gravier qu’ils entassent sur la berge. Et les acheteurs, presque confondus aux vendeurs trafiquent sur les lieux. A voir l’atmosphère qui y règne, on pressent que ce commerce à risque n’est pas bien prisé par les adultes. Il demeure l’affaire des marginaux. Qu’à cela ne tienne, la routine continue en toute insouciance pour ces jeunes qui luttent pour survivre au quotidien.