Personne n’avait jamais vu le virus de l’hépatite C. Surprenant mais vrai. De taille et de forme variable, il avait jusqu’à présent réussi à passer inaperçu. Jusqu’à ce que l’équipe de Jean-Christophe Meunier (INSERM) le démasque et mette ainsi au jour son mécanisme d’infection, au terme de 4 ans de travail.
«En général, les virus sont des structures très homogènes, avec une même forme, une même taille et une même structure», explique Jean-Christophe Meunier de l’Unité INSERM 966 Morphogenèse et antigénicité du VIH et des virus des hépatites de l’Université de Tours. Or, il se trouve que le virus de l’hépatite C est très variable. C’est pourquoi, jusqu’à présent, aucun scientifique n’avait réussi à l’observer au microscope. Il se cachait en quelque sorte.
Dans le détail, « ce virus détourne la voie des lipoprotéines, des transporteurs qui charrient le cholestérol du foie pour nourrir des organes », détaille Jean-Christophe Meunier. Non seulement il s’attache à ces structures sphériques mais il fusionne avec elles, formant alors un mélange monstrueux, également qualifié d’hybride viro-lipidique et indétectable. «Il fonctionne un peu comme un cheval de Troie car il utilise les lipoprotéines pour rentrer dans ses cellules cibles, les cellules hépatiques».
Des sphères blanches
L’équipe tourangelle est enfin parvenue à distinguer ces fameuses particules viro-lipidiques des simples lipoprotéines circulant dans du sérum de patients. Un travail rendu possible grâce à la plate-forme de microscopie électronique de l’Université de Tours. «Il ressemble à une simple petite sphère blanche au milieu d’autres sphères blanches lipidiques dans le sang», décrit Jean-Christophe Meunier. Cette espèce de «sandwich lipidique est composée en son centre de l’ARN viral et du noyau du virus délimités par une première monocouche de phospholipides». «Cette structure concorde tout à fait avec des travaux antérieurs de biologie moléculaire qui prédisaient cette organisation. Ces observations valident donc 25 ans de travail de la communauté scientifique », se réjouit-il.
Vers un vaccin
Des traitements efficaces sont aujourd’hui disponibles en cas d’hépatite C mais aucun vaccin n’a encore été trouvé. Or, pour développer un vaccin « on doit savoir vers quelle protéine du virus il faudra le diriger », souligne Jean-Christophe Meunier. «Dans ce cas, nous avons pu confirmer que les protéines d’enveloppe du virus sont toujours disponibles à la surface du virus». Faisant d’eux une cible parfaite pour le vaccin.