Comme toutes les villes modernes, Brazzaville est faite de rues et avenues. Mais, certainement à la différence des autres villes du monde, les rues et avenues de la capitale du Congo portent des noms qui, tantôt épousent l’histoire du pays et de son peuple tantôt reflètent la composition ethnique de celui-ci. Au fil des ans, les rues de Brazzaville sont affublées, désormais, de noms douteux.
Pays de Chrétiens, ceux-ci ont dû peser dans la dénomination des rues de Brazzaville comme on peut le constater à Makélékélé et à Bacongo des rues portant des noms de curés, missionnaires et gouverneurs de colonies. Raymond Paillet, Félix Éboué, Archambault, Alexandry, Jules Grevier, John Sodergreen, Biechy, Antonetti, Lamy, Moll Chaptal, Berlioz et bien d’autres traduisent ce lien avec l’histoire.
Le troisième arrondissement de Brazzaville, Poto-Poto, casse et reflète les différentes ethnies du Congo et même d’ailleurs. Il a même influencé les deux autres qui viennent après, Moungali et Ouénzé. Ici et là, ethnies et localités congolaises sont vivement promues. Une grande balade pédestre dans les rues Likouala, Bakotas, Bacongo, Batéké, Mbochis, Mboko, Bomitaba, Bangangoulou, Basoundi, Babembé ou Haoussa permet de voir combien Brazzaville, en tant que capitale, reflète la diversité linguistique du pays.
En visitant Brazzaville, on peut aisément se faire une idée des localités qui composent le pays, car rares sont ces villages ou localités du Congo qui ne sont pas représentés dans la capitale. Cherchez et vous trouverez Impfondo, Ouesso, Owando, Ewo, Djambala, Kinkala, Madingou, Sibiti, Pointe-Noire, Loubomo ou Dolisie et pourquoi pas Zanaga, Kintélé, Mpouya, Lekana, Mossaka, Mossendjo, Mvouti, Mfouati, Pikounda, Liranga, Loukoléla, Etoumbi, Makabana, Divénié ou Loutété.
En dehors des ethnies et des villes, les évènements marquant ont aussi inspiré les Brazzavillois. Si le 15 août 1960 renvoie à ce joli pont haubané nouvellement construit, le 05 Juin cependant vient graver dans la mémoire des habitants du quartier Émeraude les mauvais souvenirs du passé.
Puis est arrivée cette ère du premier occupant qui impose son nom à la rue quand ce n’est pas celui de son village perdu dans la brousse comme pour l’exhumer. Ngoma J., Elenga A., Massamba K., ou encore Pamba Odzaka (petit village entre Owando et Makoua), Ikelemba (Sangha), etc.
Si hier, débaptiser un nom participait d’un consensus, aujourd’hui le gangstérisme semble s’inviter et s’imposer. Des rues telles Zembè, Tika mwana ou Yi kubiri tranchent assurément avec la bien-pensance. Ne cherchez surtout pas où se trouvent ces rues.