Homme d'Etat et poète congolais, Benoît Moundélé-Ngollo écrit pour freiner la dérive morale qui est en train de gangrener notre société. Avec à son actif une dizaine de livres publiés, l'auteur de ce tout dernier recueil comptant dix-sept poèmes philosophiques de style voltairien, demeure anticonformiste et fait preuve d'une certaine indépendance intellectuelle propre aux grands auteurs comme André Gide, Jean-Paul Sartre, Aimé Césaire ou Sony Labou Tansi.
« Il est au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises, et c'est à ce principe que je donne le nom de conscience », disait le philosophe français Jean-Jacques Rousseau au XVIIIème siècle.
L'engagement littéraire du général Benoît Moundélé-Ngollo dénote de la liberté de conscience et s'inscrit dans un élan de sauvegarde de la conscience droite au sein de la société. Ainsi, Micmacs et tripatouillages politiques en démocratie témoigne déjà de par son titre, d'un ouvrage arborant une thématique qui marque l'actualité, et quelque peu osée.
L'auteur de ce livre est de ceux qui, par le souci de se rendre assez explicite auprès des lecteurs, refusent d'habiller leurs discours par une panoplie de métaphores rendant les textes aussi sibyllins qu'ennuyeux.
Benoît, fidèle à lui-même, s'érige ainsi en promoteur des devoirs du citoyen afin que, comme il l'écrit à la page 56, qu'on ne se contente pas seulement de vouloir défendre les droits de l'Homme en méprisant les devoirs. « Faire référence à la déclaration universelle Des Droits de l'Homme, en mettant de côté ou en ignorant le reste qui dit: Et des Devoirs du Citoyen est également une escroquerie intellectuelle ».
Aussi se défend-il contre les détracteurs de sa plume, en les invitant dorénavant, pour plus d'objectivité, à ne se livrer à la critique de ses écrits qu'après les avoir parcourus en totalité. « Quels que soient les préjugés négatifs que tu as contre lui, écrit-il à la page 12, tu devrais d'abord lire ce qu'il écrit, pour te faire une opinion objective après ».
L'auteur dénonce la contrefaçon dans les différents domaines de la vie actuelle, des « cheveux des dames sur leur tête » jusqu'à « la démocratie qui dirige les Républiques » (page 75).
Ce qui étonne le plus et qui n'est pas moins intéressant, lui qui a servi à l'armée et ayant vécu à maintes reprises les affres de la guerre, il encourage le dialogue et la concertation pour éviter ou pour résoudre les conflits au lieu de les envenimer par le recours à la violence ou aux armes.
Aussi suggère-t-il dans un discours futuriste et pacifiste, à l'image de Martin Luther King ou de Nelson Mandela, « aux poitrines des soldats et des généraux, bardées de croix de guerre, il faudra aussi opposer un jour les poitrines d'autres personnes, bardées de croix de paix, parce qu'elles auraient fait éviter à l'humanité d'innombrables pertes humaines grâce à leur savoir-faire, dans les concertations et les dialogues, qui se tiennent dans le but d'harmoniser les contradictions inhérentes à la vie entre les personnes appelées à vivre ensemble »(page 118).
Il découle du livre une certaine sagesse de vie digne d'un septuagénaire et notable avisé qui au moyen de l'écriture se fait la voix des sans voix en défendant les valeurs des peuples « pygmées », de même l'écologie et la vie en général contre toute forme d'aliénation. Car, écrit-il, « on récolte toujours ce qu'on sème dans la vie » (page 163).