Marie-Léontine Tsibinda est la pionnière des écrivaines congolaises. Très célèbre sur l’espace francophone, elle vient de publier « Un cœur assoiffé » aux Éditions-dhArt après « Seigneur, je réveillerai l’aurore » en 2014. Vivant actuellement au Canada, elle nous parle de son nouvel ouvrage.
Les Dépêches de Brazzaville : Marie-Léontine Tsibinda, qu’est-ce que votre nouvel ouvrage sert de neuf ?
Marie-Léontine Tsibinda : Un cœur assoiffé est une pièce de théâtre inspirée par la femme samaritaine de l’Évangile selon Jean au chapitre 4 de la Bible. La Samaritaine a eu six maris. J’ai imaginé sa vie avec ses six maris. Elle se déroule sur 11 scènes. Tout se joue autour du puits laissé par Jacob, un grand patriarche de la Bible. Les Juifs et les Samaritains ne se mélangeaient pas. Mais quand Jésus arrive, tout change. La Samaritaine est touchée par la grâce et devient l’une des plus grandes évangélistes de la Bible. La pièce est publiée aux Éditions dhArt en Ontario. Elle est disponible aussi en version électronique.
LDB : En le décrivant ainsi, quel public visez-vous ?
MLT: Le public premier serait les chrétiens. Mais les mariages, les divorces et les séparations ne sont pas uniquement l’apanage des chrétiens. Les hommes dans le monde entier, chrétiens ou pas, vivent les mêmes épreuves. La différence réside dans le fait qu’un chrétien a la possibilité d’être pardonné car la grâce de Dieu repose sur lui. Dieu a envoyé son fils pour que nous soyons consolés et délivrés de nos fardeaux et nos douleurs. La femme samaritaine a expérimenté le rejet, la douleur, la tristesse. Dans la Bible, les maris ne sont pas présentés. On n’a pas leurs noms. Que faisaient-ils dans leur vie ? Quel était leur rang social ? Des questions de toutes sortes jaillissent de la lecture de la vie de cette femme. A-t-elle eu des enfants, des belles-sœurs, belles-mères compatissantes ? Elle-même, que faisait-elle dans la vie ? La Bible ne nous le dit pas mais la rencontre avec Jésus a radicalement bouleversé sa vie. Elle s’est vue aimée, écoutée ! Changer de mari n’est pas une mince affaire.
LDB : En quoi votre Samaritaine intéresserait-elle le public actuel ?
MLT: Avec ses six maris, elle a vécu six différentes situations. Des situations que j’ai adaptées à l’air du temps entre la pédophilie, l’homosexualité, le « transgenrisme », l’ivrognerie, la pingrerie et autres mœurs qui n’aident pas l’élévation de la grandeur morale de l’Homme. J’ai montré aussi que la Samaritaine est une femme de courage. Malgré la vie dure qu’elle a eue avec ses six maris, elle a ouvert son cœur au Seigneur pour obtenir la délivrance.
LDB : Selon vous, quel est le but de la littérature ?
MLT: La littérature est prose et poésie : les deux utilisent des mots pour révéler et changer ce qui existe. Écrire c’est pour revendiquer, crier la liberté. Un écrivain est un homme libre qui ne peut être enfermé entre quatre murs. On écrit pour parler à l’autre, avec l’autre. Écrire c’est parler à l’Homme.
LDB : Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
MLT: Je voudrais écrire sur les femmes sans noms de la Bible. Nous connaissons tous Ève, Jézabel, Marie, Ruth ou Esther. Mais qu’en est-il de la belle-mère de Pierre, de la femme à la perte de sang qui a duré douze années entières, de la Samaritaine ou de la femme adultère et bien d’autres ? Je m’interroge sur ces femmes. Quelles leçons peut-on retenir de leur de vie ?