Taxées de sorcières et abandonnées par leurs proches parce que devenues une charge pour eux, les personnes du troisième âge se retrouvent dans les hospices de la place à la recherche d’un peu d’affection. Des pensionnaires témoignent.
Marie Benedicte Colette Péna ou Belle Coco, 67 ans, infirmière dans l’armée depuis le président Marien Ngouabi, raconte son histoire
« A la mort de mon fils, je ne me sentais pas bien car, c’est le huitième que je perdais alors que j’en avais douze. Un matin, je suis sortie de chez moi et je me suis retrouvée dans la rue, dormant à la belle étoile. C’est la police qui m’a escortée dans cette maison. Ici, j’ai retrouvé un peu de paix, je ne peux pas dire que je suis totalement guérie sur le plan émotionnel, mais j’arrive à accepter certaines choses. Ma famille sait que je suis ici mais pour le moment, je veux être un peu seule », explique Marie Bénédicte, des larmes de tristesse coulant jusqu’à la commissure de ses lèvres.
Pascal Ibara, né vers 1942, assis dans son fauteuil roulant, écoute sa radio
« J’étais malade dans la maison et je vivais seul. C’est ma nièce qui m’a amené ici. En fait, je suis ici parce que mon fils n’a plus de temps à me consacrer »
Pétillante et chaleureuse, Antoinette Ngounga, née en 1937, accompagnée de Philomène, une autre pensionnaire, évoque les raisons de son arrivée à la Maison des seniors
« J’ai des enfants, mais je cherchais un endroit calme pour moi. Plus on prend de l’âge, plus on devient capricieux et parfois cela dérange notre entourage. J’étais chez mes enfants, ils avaient beaucoup à faire, quand ils sortaient, ils m’enfermaient dans la maison car ma fille allait au boulot et ses enfants étaient à l’école. Je ne voulais plus de cette vie en Europe et en plus, je ne supportais pas le froid. D’où ma décision d’intégrer ce lieu. Et depuis que je suis ici, mes rapports avec mes enfants se sont améliorés. Je me sens bien ici, en outre, je me suis même fais une amie avec laquelle on bavarde à longueur de journée comme de vieilles amies. Le personnel est très aimable et chaleureux. Que demander de plus ? »
Ma Pierrette : « J’ai perdu ma jambe suite à une chute. Je me suis retrouvée ici grâce au prêtre qui passait à la maison pour l’hostie. Il s’était aperçu que mes enfants payaient le studio dans lequel je vivais. C’est lui qui a pensé que je serai mieux ici avec les autres. Au départ, c’est vrai, je me sentais un peu dépaysée, mais avec le temps, je me suis fait des amies et je me sens de plus en plus comme à la maison. C’est comme une seconde famille ici même si mes enfants ne viennent pas me voir régulièrement. »
Sounda Alphonsine, la soixantaine, est bien une coquette
« J’avais quatre enfants, trois sont morts et il ne me reste qu’un seul qui est malheureusement malvoyant et vit au séminaire à Kinsoudi. Quant à mes petits-fils, ils sont tous à Pointe-Noire. Je suis ici parce qu‘il n’y a personne pour s’occuper de moi. Mon seul souci est que j’ai des problèmes dentaires, quand cela commence à me faire mal, j’en pleure. Je voudrais vraiment que cette douleur prenne fin. Enfin, je me suis fait une petite place ici, on s’entend bien avec ma camarade de chambre mais parfois aussi on se dispute. »
Joseph Nganzami, ancien cuisinier chez un notaire français, à la retraite et bénéficiant d’une pension à la CNSS. Sapé comme un vrai dandy
« Je me sens très bien ici, les chambres sont vastes, on a un beau préau et un petit jardin où on discute avec les autres pensionnaires. On mange à notre faim et la cuisine est bonne. Que demander de plus surtout que le personnel est bien sympathique? »