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Mercredi, Février 12, 2014 - 16:45

A l’arrêt de bus, à la gare centrale, en banque le jour de la paie des fonctionnaires, ou dans les administrations publiques : de nombreux Congolais ne se rendent peut-être pas compte du temps qu’ils perdent  chaque jour. Dans ce numéro, nous dressons un aperçu sur ce que ces situations qui agacent des usagers impuissants peuvent avoir comme reflet sur toute une société.

Longue se fait l’attente à l’arrêt de bus chaque matin. De 6 heures voire 7h30, les voitures dans les grandes artères de Brazzaville circulent plus ou moins à leur aise, selon les jours toutefois. Car lundi et vendredi sont les jours où de manière générale la circulation peut-être plus dense. Sur l’axe Nkombo-Lycée Mikalou, les embouteillages sur la voie publique débutent parfois tôt. Mais il arrive, explique Imelda, habitante de Massengo, que même jusqu’à 22h l’axe est toujours encombré.

Elle fait part de sa peine, chaque matin, pour parcourir en deux heures ou plus, le trajet qu’elle doit prendre dès 5h du matin. Etudiante, elle est tenue d’être parmi les premiers arrivants pour pouvoir trouver une place assise dans l’amphithéâtre où le premier cours ne commence pourtant qu’à 9heures ! Les étudiants rentrent dans la catégorie de personnes qui chaque jour peinent sous la double difficulté de trouver un moyen de transport et d’arriver à l’heure à la Fac, c’est-à-dire suffisamment en avance, pour être sûrs de suivre les cours du jour. Et puis, il faut songer, après cela, au trajet du retour : un calvaire !

Pour la catégorie des personnes qui prennent régulièrement le train ou même de manière circonstancielle, l’acquisition d’un ticket n’est pas sans mal. Il faut, avant le jour du voyage, acquérir son ticket qui n’est d’ailleurs délivré que sur présentation d’une pièce d’identité. Ce qui n’épargne pas des longues files aux guichets et donc des heures d’attente. Le plus simple est de passer par des parents, amis ou connaissances employés au Chemin de fer Congo-Océan. Un monsieur devant voyager le lendemain, réussit à avoir son billet de train pour Dolisie. Mais le jour prévu, à l’heure indiquée on annonce – quand on l’annonce - après une longue attente, que le train ne partira que le jour suivant à 19heures !

Imaginez les incalculables inconvénients d’un tel à peu-près, les voyageurs étant soumis souvent à des situations d’urgence comme un deuil, une cérémonie, un rendez-vous familial ou même médical. Bus, train et même avion sont soumis aux mêmes aléas. Combien de voyageurs reviennent de Maya-Maya parce que le vol retenu sur Owando ou Ouesso, se trouve supprimé pour les motifs les plus fantaisistes et souvent sans autre proposition adéquate de substitution. Car on s’entend dire que le prochain sera pour « la semaine prochaine », on ne voit pas bien ce que cela peut changer à la situation du pauvre voyageur.

A chaque paye des agents de la fonction publique le spectacle que renvoient les banques est lui aussi désolant : des centaines de clients, jeunes et vieux, prennent d’assaut une quelconque agence pour attendre pendant des heures que le tour d’être servi vienne. Une maman ayant commencé à l’âge de 26 ans comme enseignante en 1981 souligne qu’aujourd’hui, à l’ère de l’informatique, le système est plus difficile chaotique qu’avant. « Lorsque je me rendais en banque à l’époque, personne à l’établissement scolaire où j’ai commencé à travailler, ne pouvait se rendre compte de mon absence. La queue en banque n’existait pas. On était vite servis et les dames à la caisse étaient plus polies. Aujourd’hui, jeunes femmes ou plus âgées, sont de moins en moins disposées pour les clients. Le matin, j’arrive à 5 heures pour être parmi les premières personnes, mais quand il est 15 heures, je ne suis toujours pas sûre de repartir avec mon salaire. L’attente est douloureuse parfois une vraie torture ».

Et d’ajouter : « les caissières donnent l’impression d’attendre une certaine heure pour vite s’occuper des clients. On apprend même sur place qu’à partir de 14heures,  les heures supplémentaires commencent à être prises en compte pour elles, ceci explique sans doute cela. Car avant 14heures, elles s’occupent en moyenne d’un client toutes les 15 minutes, clients qui sont d’abord en toute logique les parents et les amis qui, eux, n’ont pas à prendre de numéro d’ordre pour être servis et bien servis ! ».

 

Un employé d’une grande banque de la place qui requiert l’anonymat déclare pour sa part qu’« au moment de la paye, tous les fonctionnaires se ruent sur les guichets automatiques qui souvent tombent en rupture de fonds dans les heures qui suivent le virement parce que ce sont des gros, moyens et petits salaires qui sont retirés en une seule journée ! Ces guichets automatiques ont été mis en place en fait pour des urgences, des dépannages : comment le faire comprendre aux gens ! ».

 

Enfin, le dernier tableau que nous présentons est celui de l’administration publique : que d’allers et retours dans les bureaux de ceux qui détiennent la dernière touche finale dans un dossier de reclassement, d’avancement, de mise en disponibilité ou de mise en retraite ! Il faut attendre longtemps, mais sans garantie de réponse fiable. Les agentes semblent les plus hésitantes à se prononcer ; elles renvoient la décision aux supérieurs. Pourquoi, il suffirait de mettre un avis pour aller directement là où se prend la décision au lieu de se faire la tête devant un guichet où la simple présence semble être une gêne pour ceux qui sont pourtant payer pour nous servir !

 

A tous les niveaux, donc, l’attente se fait de plus en plus longue, rendant les personnes de référence parfois agressives, insolentes ou fermées à toute sollicitation et demande d’information. Ce que les Congolais ignorent c’est que l’un des facteurs clés pour rendre le pays attractif aux yeux de milliers de potentiels investisseurs étrangers c’est aussi de savoir réduire les attentes superflues!

 

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Légendes et crédits photo : 
Photo une caisse en banque bien encombrée